Aux États-Unis, les deepfakes de Taylor Swift vont-ils déclencher une modification de la loi ?
L'une de ces images trafiquées, montrant le visage de Taylor Swift associé au corps d'une autre femme dans une posture sexuellement suggestive, a été vue plus de 47 millions de fois sur X (ex-Twitter). Scandalisés, les fans de la star ont répliqué en publiant à leur tour des quantités phénoménales de vidéos et de photos - légitimes cette fois - pour "noyer" les contenus pornographiques, les rendre plus difficiles à trouver.
Face à la polémique, le réseau d'Elon Musk, pourtant très laxiste sur le sujet de la nudité, a finalement décidé de retirer les photos controversées, de fermer les comptes qui les ont diffusés et de bloquer toute recherche sur la chanteuse. Lundi 29 janvier au matin, il était encore impossible sur X de trouver quoi que ce soit avec les mots clés Taylor Swift. "Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de votre faute", affichait alors un message.
Réaction de la Maison Blanche
Ce n'est pas une première. Des images de personnalités sont régulièrement détournées grâce à l'intelligence artificielle, mais cette fois, ça va peut-être faire bouger les choses, la mise en cause étant au sommet de sa popularité. Artiste la plus écoutée au monde sur Spotify en 2023, Taylor Swift a été sacrée personnalité de l'année par le magazine Time.
Aux États-Unis, son soutien électoral est l'objet de toutes les convoitises et à dix mois de la présidentielle, elle se retrouve la cible d'une vaste entreprise de désinformation. Même les conspirationistes d'extrême-droite l'accusent de faire de la magie noire pendant ses concerts ou d'être manipulée par le Pentagone. Et toujours grâce à l'intelligence interficielle, sa voix a par exemple été trafiquée dans une fausse publicité, une arnaque où on la voit vanter les mérites de la marque française Le Creuset.
"Alarmée" par ces montages pornographiques, la Maison Blanche demande une nouvelle législation car les garde-fous sont insuffisants : il n'existe à ce jour aucune loi fédérale contre le partage ou la création de ces images qui visent quasi exclusivement les femmes, le plus souvent des anonymes. et qui sont chaque jour plus faciles à créer. Entre 2019 et 2023 elles ont augmenté de 550%. Plusieurs élus souhaitent même criminaliser le procédé. "Que la victime soit Taylor Swift ou n'importe quel jeune de notre pays, nous devons ériger des barrières" dit le républicain Tom Kean Jr, membre du congrès.
La vraie-fausse voix de Joe Biden
Ils s'inquiètent d'autant plus que les dangers de l'intelligence articielle s'invitent aussi en politique. Dimanche dernier, 48 heures avant les primaires du New Hampshire, les électeurs démocrates reçoivent un appel de Joe Biden qui leur explique dans un message pré-enregistré que ça ne sert à rien d'aller voter. C'est un deep fake audio, tout à fait crédible - au moins sur la forme.
NBC reports that NH voters are getting robocalls with a deepfake of Biden’s voice telling them to not vote tomorrow.
— Alex Thompson (@AlexThomp) January 22, 2024
“it’s important that you save your vote for the November election.”https://t.co/LAOKRtDanK pic.twitter.com/wzm0PcaN6H
Cela n'a pas empêché Biden de remporter la primaire démocrate dans cet État. Mais, tout autant que celui de Taylor Swift, cet exemple montre l'urgence de réguler l'intelligence artificielle, bien au-delà des États-Unis, alors que d'ici la fin de l'année plus de la moitié de la population mondiale est appelée à se rendre aux urnes.
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