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Allemagne : ce qu'il faut savoir de la "méga-grève" des transports qui paralyse le pays

La France n'est pas la seule à connaître grèves et manifestations depuis plusieurs semaines. En Allemagne, tout le secteur des transports est à l'arrêt ce lundi : les syndicats réclament une hausse des salaires. Un blocage rarissime.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des manifestants à la gare de Stuttgart (Allemagne), le 27 mars 2023. (THOMAS KIENZLE / AFP)

"Der mega streike", la "méga-grève", c'est le nom que les médias donnent à ce mouvement, le plus important depuis 30 ans. Car jusqu'à minuit lundi 27 mars partout ça débraye : dans les chemins de fer (aucun train grandes lignes aujourd'hui), dans les aéroports (quasiment tous fermés, sauf Berlin), les autoroutes, le fret maritime et les réseaux de bus, de tram, de métro.

Les deux syndicats du secteur, EVG et Ver.di, qui représentent quasiment trois millions de personnes, ont donné le même mot d'ordre et ça c'est quasiment du jamais-vu en Allemagne, où les négociations d'habitude se déroulent branche par branche.

>> "Méga-grève" en Allemagne : "C’est tout nouveau pour nous, mais on doit faire pression", explique un syndicaliste mobilisé pour l'augmentation des salaires

Le mouvement n'a rien à voir avec les retraites. Ce que les syndicats réclament, c'est une hausse des salaires : 10 à 12% dont 500 euros minimum pour les plus bas revenus. Demande retoquée lors des sessions de négociations ces dernières semaines. Les employeurs (c'est-à-dire l'État, les communes et les entreprises publiques) proposent une augmentation de 5% maximum. Avec deux versements de 1 000 et 1 500 euros cette année et l'an prochain. Mais pour les représentants de salariés, c'est insuffisant. Car les prix s'envolent depuis un an l'inflation est à quasiment 9% en février. C'est la fourchette haute de toute la zone euro.

La culture historique du consensus s'éloigne

D'ailleurs – et c'est un fait inhabituel en Allemagne – les grèves se multiplient depuis quelques années. C'est simple, depuis dix ans il n'y en a jamais eu autant. Le niveau de chômage particulièrement bas et le manque de main d'oeuvre créent un terreau favorable au mouvement social, les syndicats sont en position de force.


Depuis 2014, tous les ans ils avaient réussi à négocier des augmentations de salaires (sauf en 2020 à cause du Covid). Mais cette année l'inflation a cassé cette dynamique. Et la culture historique du consensus qui prévaut d'ordinaire dans les négociations salariales est en train de s'effacer.


Ce qu'on appelle "les grèves d'avertissement" se multiplient dans les écoles, les hôpitaux... La Poste dont les 160 000 salariés viennent d'obtenir une hausse de salaire moyenne de 11,5% après avoir menacé de lancer une "grève à durée indéterminée". Les tensions sont telles que la Fédération des aéroports allemands dénonce une stratégie "d'escalade du conflit sur le modèle français", un véritable épouvantail aux yeux des Allemands, pour qui les conflits sociaux sont synonymes de chaos quasi-permanents.

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