Allemagne : ce qu'il faut savoir de la "méga-grève" des transports qui paralyse le pays
La France n'est pas la seule à connaître grèves et manifestations depuis plusieurs semaines. En Allemagne, tout le secteur des transports est à l'arrêt ce lundi : les syndicats réclament une hausse des salaires. Un blocage rarissime.
"Der mega streike", la "méga-grève", c'est le nom que les médias donnent à ce mouvement, le plus important depuis 30 ans. Car jusqu'à minuit lundi 27 mars partout ça débraye : dans les chemins de fer (aucun train grandes lignes aujourd'hui), dans les aéroports (quasiment tous fermés, sauf Berlin), les autoroutes, le fret maritime et les réseaux de bus, de tram, de métro.
« La pire grève depuis 31 ans » demain lundi, ca sera compliqué en Allemagne sur les routes, dans les airs et sur les rails. Le syndicat ver.di fait monter la pression alors que les négociations salariales continuent pic.twitter.com/Zd8Y9stvmf
— Pascal Thibaut (@pthibaut) March 26, 2023
Les deux syndicats du secteur, EVG et Ver.di, qui représentent quasiment trois millions de personnes, ont donné le même mot d'ordre et ça c'est quasiment du jamais-vu en Allemagne, où les négociations d'habitude se déroulent branche par branche.
Le mouvement n'a rien à voir avec les retraites. Ce que les syndicats réclament, c'est une hausse des salaires : 10 à 12% dont 500 euros minimum pour les plus bas revenus. Demande retoquée lors des sessions de négociations ces dernières semaines. Les employeurs (c'est-à-dire l'État, les communes et les entreprises publiques) proposent une augmentation de 5% maximum. Avec deux versements de 1 000 et 1 500 euros cette année et l'an prochain. Mais pour les représentants de salariés, c'est insuffisant. Car les prix s'envolent depuis un an l'inflation est à quasiment 9% en février. C'est la fourchette haute de toute la zone euro.
La culture historique du consensus s'éloigne
D'ailleurs – et c'est un fait inhabituel en Allemagne – les grèves se multiplient depuis quelques années. C'est simple, depuis dix ans il n'y en a jamais eu autant. Le niveau de chômage particulièrement bas et le manque de main d'oeuvre créent un terreau favorable au mouvement social, les syndicats sont en position de force.
Depuis 2014, tous les ans ils avaient réussi à négocier des augmentations de salaires (sauf en 2020 à cause du Covid). Mais cette année l'inflation a cassé cette dynamique. Et la culture historique du consensus qui prévaut d'ordinaire dans les négociations salariales est en train de s'effacer.
[A LA UNE A 18H]
— Agence France-Presse (@afpfr) March 23, 2023
Un mouvement de grève massif devrait paralyser le secteur des transports lundi en Allemagne à l'appel de syndicats qui font monter la pression pour obtenir des hausses de salaire face à l'inflation #AFP 3/5 pic.twitter.com/oThUcz4vsw
Ce qu'on appelle "les grèves d'avertissement" se multiplient dans les écoles, les hôpitaux... La Poste dont les 160 000 salariés viennent d'obtenir une hausse de salaire moyenne de 11,5% après avoir menacé de lancer une "grève à durée indéterminée". Les tensions sont telles que la Fédération des aéroports allemands dénonce une stratégie "d'escalade du conflit sur le modèle français", un véritable épouvantail aux yeux des Allemands, pour qui les conflits sociaux sont synonymes de chaos quasi-permanents.
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