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Le monde de Marie. Injures à la monarchie, glorification de l'ETA... en Espagne, deux rappeurs envoyés en prison

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Mardi, l’Espagne qui semble mettre un tour de vis sur la liberté d’expression, avec des condamnations de rappeurs.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les deux rappeurs Valtonyc et Pablo Hasel, condamnés à des peines de prison ferme en Espagne. (MAXPPP)

Deux rappeurs ont été condamnés à de la prison ferme en Espagne. Valtònyc a écopé de trois ans d’emprisonnement en février, une peine confirmée en appel la semaine dernière, et Pablo Hasél à cinq ans, le 2 mars. Si aujourd’hui, en Espagne, ils sont comparés à Ice T, fameux rappeur américain qui, en 1992 avait sorti Cop Killer, "tueur de flics", les deux hommes avaient un public plutôt confidentiel. Des fans de toutes les générations, des jeunes et des plus âgés, se retrouvent dans le discours de révolte des rappeurs qui appellent au marxisme-léninisme. 

Les travers de la monarchie

Mais le problème ne se situe pas là. Valtònyc a comparé la monarchie espagnole à une mafia, évoquant une clique corrompue qui gaspille l’argent des Espagnols pour aller faire des chasses à l’éléphant. Insulter la personne du roi est le premier motif de sa condamnation. Et ce, même si le gendre du vieux roi Juan Carlos, Iñaki Urdangarin, a été condamné à six ans et trois mois de prison en première instance pour détournements de fonds publics, fraude fiscale et trafic d'influence. Il attend son procès en appel.

Le rappeur Valtònyc tape aussi dans le mille sur les chasses à l’éléphant, confirmées par un accident en 2012, une gaufre royale au Botswana qui s’était soldée par une fracture de la hanche pour Juan Carlos.

L’autre cible des versets sataniques de Valtònyc est l’extrême droite et un homme en particulier, Jorge Campos Asensi. "Je vais te vitrifier au plutonium", scande Valtònyc. Jorge Campos porte plainte. C’est le deuxième motif de sa condamnation. 

Apologie du terrorisme

Pablo Hasél, l’autre rappeur, a pris deux ans de plus, pour avoir glorifié l’ETA, organisation séparatiste basque, responsable de nombreux attentats en Espagne. Ce qui est fou c’est qu’on est en Espagne, pays plutôt leader en matière de démocratie. Mais il semblerait, au vu d’un certain nombre d’exemples récents (interdiction d’un livre, un an de prison pour un tweet ou encore l’arrestation d’un couple de marionnettistes) que le périmètre de la liberté d’expression s’amenuise quelque peu.  

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