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Philippe Bouvard : "J'ai la sensation d'avoir fait ce que je voulais faire, et de l'avoir fait complètement"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le journaliste et écrivain Philippe Bouvard

Article rédigé par franceinfo - Élodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le journaliste et écrivain Phillippe Bouvard, ci-contre en janvier 2019. (JEAN-BAPTISTE QUENTIN / MAXPPP)

C'est un grand nom de la radio qui est aujourd'hui l'invité du Monde d'Elodie. Philippe Bouvard, journaliste, écrivain, homme de radio et de télévision publie son 68e livre : On s'en souviendra aux éditions de l'Archipel. C'est le récit d'une année de Covid avec un regard malicieux sur la pandémie. De ses débuts en tant que coursier au Figaro, à la création de l'émission Les grosses têtes sur RTL , Philippe Bouvard se raconte à Elodie Suigo.

franceinfo : Philippe Bouvard, un adage accompagne cet ouvrage : "Le port du masque n'empêche pas de marcher sur la tête".

En fait j'ai eu l'idée, née du confinement, de prendre des notes tous les jours pendant 18 mois.

Vous avez commencé à écrire très jeune, l'écriture c'est déjà ce qui vous fascinait ?

Mon premier journal, je l'ai édité à l'âge de 6 ans. C'était trois ou quatre demi-pages qu'un vieil oncle imprimeur avait fait tirer, et que j'avais distribuées à la famille. Ensuite j'ai fait un journal à l'école communale, au lycée, quand j'étais militaire. En fait je crois bien que si j'avais été naufragé sur une île déserte, j'y aurais créé un journal pour les singes !

Vous allez vouloir partir faire votre service militaire, mais un ami va vous rattraper et vous trouver une place au Figaro, comme coursier au service photographie.

Je ne pouvais pas vraiment prétendre à autre chose. Mais à l'époque, il n'y avait aucune séparation entre les différents services d'un journal, et c'était une époque où on aidait les jeunes. Il suffisait qu'on ait la vocation, qu'on ne soit pas trop antipathique, qu'on ait envie de réussir, qu'on aime son métier, et on se faisait un plaisir de vous mettre le pied sur le marchepied.

Vous allez rentrer en 1965 à RTL, et en 1977 vous décidez de créer une émission, ça va donner Les grosses têtes.

Pendant sept ans, ma première émission a été RTL non-stop, et puis comme ça a bien marché au bout de sept ans, on m'a dit qu'on allait me faire faire autre chose. J'ai dit que j'aimerais bien interviewer des artistes, des écrivains, on m'a dit d'essayer, et c'est de là que sont nées les grosses têtes. Au départ, il n'y avait pas de public. Et le jour où je me suis retrouvé devant une salle avec des centaines de gens, alors ça a éclaté. En l'espace de quelques jours, c'est l'émission dont tout le monde a parlé.

Est-ce que c'est le plus beau moment de votre carrière ?

C'est un souvenir inoubliable. D'autant que quand vous faites quelque chose d'aussi important pendant autant de temps, ça fait partie de votre existence. Pour la dernière émission, il y avait des centaines de gens rue Bayard, je n'ai jamais vu ça. Ça a été un moment inouï. Je n'arrivais plus à retrouver ma voiture, j'étais au milieu de fidèles. Ça a été un grand moment, malheureusement le dernier moment pour moi des Grosses Têtes.

Quel regard vous avez sur votre parcours ?

J'ai la sensation d'avoir fait ce que je voulais faire, et de l'avoir fait complètement.

Est-ce que vous êtes heureux de cette vie ?

Ah oui, je ne peux pas me plaindre. J'ai la sensation d'avoir fait les métiers pour lesquels j'ai eu une vocation.

Je n'ai rien à reprocher à la vie, sinon qu'elle doit cesser un jour

Philippe Bouvard

à franceinfo

Je dois être le doyen de vos interlocuteurs, je n'en reviens pas d'avoir 92 ans. Ça m'est tombé dessus sans que je m'en aperçoive, or je suis forcément passé par 70, 80, 90 ans, mais je ne sais pas, je ne l'ai pas vu passer. Alors c'est embêtant, parce que je vais vers la fin de vie, et je n'ai pas l'impression d'avoir terminé mon existence.

J'ai pris tellement de plaisir, au travail d'abord, mais aussi à tous les agréments que la vie peut offrir à quelqu'un qui est un peu connu et qui n'a pas trop de fin de mois difficile, que le fait de tout quitter brutalement, ou pas, me rend triste. Or, ce n'est pas dans ma nature de l'être.

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