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"Mes romans policiers sont des prétextes pour divertir les gens", Maxime Chattam à propos de son roman "Un(e)secte"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’écrivain, spécialiste du roman policier, Maxime Chattam pour son nouveau livre "Un(e)secte" aux éditions Albin Michel.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Temps de lecture : 2 min
L'écrivain Maxime Chattam lors du Festival "Quais du polar", à Lyon le 30 mars 2019 (JEFF PACHOUD / AFP)

C’est en réfléchissant à la thématique de son nouveau livre que Maxime Chattam en a trouvé le titre : Un(e)secte. Cette fois, l’auteur de polars fait appel à nos peurs ancestrales des petites bêtes, tout en mettant en exergue l’organisation de l’espèce humaine à l’image d’une fourmilière. Parce qu’on obéit à des codes aveuglément, qu’on épouse des valeurs d’un système capitaliste dont les rênes sont tenues par les patrons du GAFA, c’est apparu comme une évidence de parler de "cette espèce de secte consumériste dans laquelle on s’inscrit tous, on est des insectes. Voilà j’avais mon titre : une secte et des insectes".

Divertir et poser des questions sur le monde

Dans ce dernier ouvrage, Maxime Chattam met le paquet pour nous terroriser. Il confie que c’est à l’adolescence qu’il prend conscience que l’on apprend peut-être plus sur soi et sur l’humain en général quand on en explore le côté sombre : "Du coup, je l’ai fait pour moi, pour mes personnages et je l’ai fait pour mes histoires (…) Mes romans policiers sont des prétextes pour divertir les gens, pour leur faire peur, pour jouer avec leurs nerfs mais finalement aussi pour nous poser aussi des questions sur le monde dans lequel on s’inscrit."  

Tout petit, Maxime Chattam se familiarise avec l’anglais car son parrain est marié à une Américaine. Il aime la littérature américaine, anglaise, et le cinéma américain emporte sa préférence. Tombé amoureux du pays et de sa culture, il part vivre à Portland très jeune. Ces voyages littéraires, l’influence des écrits d’auteurs américains sont autant de sources d’inspiration pour son premier roman : L’âme du mal (paru en 2002 et qui est suivi de deux autres livres formant La Trilogie du Mal).

À l'origine de sa vocation : sa grand-mère et les voyages

Maxime Chattam voyage dans ses lectures et est poussé par sa grand-mère à découvrir le monde en vrai : "Ma grand-mère a toujours eu dans l’idée que ses petits-enfants devaient voyager et comme j’étais le premier elle a dit : 'Écoute, toi, il faut absolument que tu voyages parce que le monde ce n’est pas ce qui se passe dans ta rue, c’est ce qui se passe dans le monde entier'." Et malgré des ressources limitées, elle offre de beaux voyages à son petit-fils et à ses parents.  

Je ne remercierai jamais assez ma famille pour ça. J’ai eu ce goût de la différence, des autres grâce à eux.

Maxime Chattam

à franceinfo

A 11 ans, il fête Noël avec sa grand-mère dans une jungle en Thaïlande, avec une tribu qui ne connaît pas cette fête religieuse. C’est un moment-clef dans sa vie puisque sa grand-mère lui propose un deal fondateur : "Je t’emmène avec moi en Thaïlande, à une condition. On prend un cahier et tous les soirs tu écris ce que tu as vécu. Je ne veux pas savoir ce que tu mets dedans, c’est ton problème. Ça peut être tes émotions, le compte-rendu factuel, peu importe... mais tu écris tous les soirs (…) Ça a été mon premier rapport à l’écriture." Il a retrouvé ce petit carnet et avoue qu’il était parfaitement analphabète. D'où ce message d'espoir à tous les parents dont les enfants ne brillent pas en français : "Ne désespérez pas, j’étais pareil et je suis devenu romancier aujourd’hui ".

"Arrête d'être comédien, écris !"

Jeune, Maxime Chattam a envie d’être acteur, il suit le cours Simon. Il écrit déjà à l’époque mais explique : "Pour moi, l’écriture c’était une passion, ce n’était pas un métier ". Il s’oriente donc vers un métier qui lui permet d’avoir aussi le plaisir de créer, de se glisser dans des têtes qui ne sont pas les siennes, dans des peaux différentes, d’être un jour un type et le lendemain un autre, "ce que je fais quand je suis romancier en me mettant dans la peau de mes personnages" . Finalement, être acteur s’avère contraignant car il aime aussi changer les textes qu’on lui donne à jouer jusqu’au jour où quelqu’un lui dit : "Arrête d’être comédien, écris et tu seras plus heureux (…) et j’ai abandonné la comédie et je me suis recentré sur ce que je savais et ce que j’aimais le mieux faire : écrire".

Dr Drouot et Mr Chattam

Chattam n'est pas son vrai nom. Avoir un pseudonyme lui permet de prendre de la distance entre son métier d’écrivain à succès et lui, Maxime Drouot, un homme normal : "Aujourd’hui, je suis conscient et je suis content de l’avoir fait car quelque part Chattam c’est le romancier qui va vous raconter des histoires effrayantes avec parfois toutes ses perversions (…) Et dans mon quotidien, je peux m’arrêter, je peux être moi, Maxime Drouot, père de famille, mari. Et le succès, quelque part, c’est Chattam". 

Pour les impatients, ceux qui ont déjà dévoré Un(e)secte, Maxime Chattam nous rassure, il a déjà sur le feu 17 romans : "Quand j’en termine un, je vois lequel est le plus prêt dans mes carnets et dans ma tête" . Et pour information, il se penche actuellement sur l’écriture d’une série télévisée dont il ne dit rien pour cultiver le mystère. Comme à son habitude.  

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