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"J'ai raté Elvis, mais j'ai capturé Prince" : des photos de Claude Gassian en vente aux enchères chez Sotheby's

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le photographe Claude Gassian.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le photographe Claude Gassian lors des Rencontres d'Arles (Bouches-du Rhône) le 8 juillet 2010 (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Claude Gassian est photographe, spécialisé dans les portraits des personnalités célèbres du monde de la musique. Il les a toutes photographiées, ou presque. Il expose chez Sotheby's quelques-unes de ses œuvres pour une vente aux enchères uniquement sur internet du 4 au 11 mars prochain. À découvrir également, deux ouvrages : Gassian Photographies 1970- 2001 (Editions de la Martinière) et Chanson(s) française - Claude Gassian (Glénat) avec de très beaux textes de Dominique A.

franceinfo : Parmi les personnalités que vous avez photographiées, il y a Iggy Pop, Prince, Mick Jagger, Jimi Hendrix, Madonna, Barry White, Annie Lennox, Miles Davis... Ça vous donne aussi le tournis ?

Claude Gassian : Oui ! C'est assez étrange d'entendre tous ces noms, énumérés côte à côte. Un peu d'émotion quand même. J'ai mis le temps pour tous les rassembler.

J'ai raté Elvis, j'ai quelques petits regrets comme ça... Mais j'ai quand même une belle famille représentée dans cette exposition.

Claude Gassian

à franceinfo

Cette exposition chez Sotheby's et la vente aux enchères de photos choisies par vos soins est une énorme carte blanche qui vous est offerte. Vous vous séparez de certains de vos clichés, de vos bébés !

Oui. Il y a des photos qui étaient chez moi depuis un certain temps et que je suis ravi de proposer, de montrer dans l'exposition qui va précéder la vente. Oui, c'est un moment important. Il va y avoir presque une quarantaine de photos, mon choix, mes préférées.

Ce qui est drôle c'est qu'on connaît évidemment ces clichés mais finalement, on ne connaît quasiment rien de vous. Vous êtes d'une discrétion absolue. Que s'est-il passé entre votre naissance et cette année 1970 ? Petit garçon, de quoi aviez-vous envie ?

Pas grand-chose. Le déclic est arrivé avec la musique, le rock américain traduit en français parce que ça a démarré avec Johnny, Les Chaussettes noires et cette musique m'a vraiment rendu fou très rapidement. Les Anglo-saxons, un petit peu plus tard. Et puis il y a eu ce magazine Salut les copains de Jean-Marie Périer, bourré de photos que je découpais et avec lesquelles je confectionnais déjà un premier livre en faisant moi-même les mises en page.

Chez moi, la musique était présente, mon père avait une chaîne stéréo et écoutait Piaf, Brel, Brassens. La photo était très présente aussi, il avait le Relay Flex, l'agrandisseur et il développait lui-même ses photos, faisait ses tirages. Et puis un jour, sur une radio, les Rolling Stones... Leurs pochettes de disques, les photos de David Bailey en noir et blanc avec des visages incroyables, entre laideur et beauté. C'était très impressionnant. J'écoutais leurs albums avec la pochette sous les yeux.

Qu'est-ce qui a joué entre l'envie de faire et la réussite ? Il faut quand même pouvoir les approcher ces artistes-là !

Au départ, je prends des photos avec un petit appareil photo en bakélite, c'était l'envie d'avoir des photos personnelles à moi mais sans aucun but. Puis après, arrive le Théâtre des Champs-Elysées en 1970 avec les Who. Je passe la nuit à développer mes films, à les montrer le lendemain à mes camarades de classe en disant : "Regardez ce qui s'est passé hier soir au Théâtre des Champs-Elysées, les Who sur scène, c'était incroyable !"

Après, il y a eu le Festival de l'île de Wight où je suis parti enfin avec un vrai 24-36, en m'approchant près de la scène, en disant que j'étais "french press" et que c'était très important, qu'il fallait absolument que je photographie tous ces gens : Jimi Hendrix, les Who, les Doors. J'y suis allé un petit peu au flan, mais j'ai ramené effectivement des photos qui font partie de l'histoire.

Quand vous faites une belle photo, vous le savez immédiatement ?

Ça arrive très rarement. Il y a de rares moments, effectivement, où on sent que la photo qui est en train de se faire est ferme et définitive. Ça m'est arrivé par exemple, pour cette photo de Prince que j'ai réussi à emmener dans une loge en l'état, dans un vieux théâtre, à quatre heures du matin alors que je n'avais pas le droit de lui parler, de lui demander quoi que ce soit et j'ai bravé l'interdit.

Prince, j'ai réussi à le capturer sur une chaise, dans cet espace que j'avais auparavant choisi, il m'a accordé 12 vues dans un silence total et il est parti. Mais je savais que mon cadre, ma photo, sa présence avec ses costumes flamboyants dans ce lieu totalement dépouillé allaient faire une bonne photo.

Claude Gassian

à franceinfo

Ce qui est important, c'est de saisir un instant et le perpétuer parce que ce sont ces instants qui restent finalement.    

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