Gérard Lanvin : "Mon parcours s’est fait par hasard, je n’avais aucune intention de devenir comédien"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’acteur doublement césarisé Gérard Lanvin qui prête sa voix pour un documentaire "Le plus beau pays du monde. Le sanctuaire" réalisé par Frédéric Fougea sur France 2.
Le plus beau pays du monde. Le sanctuaire, c’est tout simplement une plongée dans la grande chaîne des Alpes. Deux ans de tournage et quatre ans de production, une immersion totale, à la rencontre de la faune et de la flore dont Gérard Lanvin explique que "cette aventure avec Frédéric Fougea m’a permis, en le commentant, de réveiller un peu les consciences et de faire attention à ce qui nous entoure."
Le plastique n’est pas fantastique
Le documentaire met en exergue l’impact du réchauffement climatique notamment sur le massif alpin, ce qui inquiète l’acteur : "Moi, je suis inquiet pour les générations qui arrivent. Je me sens responsable d’avoir participé en buvant dans des bouteilles d’eau en plastique (…) La pollution que ça engendre."
Le progrès n’a pas respecté ce qui l’a remplacé et ça on n'y pouvait rien. On n’était pas au courant de tout ça. On n’a pas eu forcément à la tête de nos politiques, des gens suffisamment sérieux pour nous angoisser avant l’heure.
Gérard Lanvinà franceinfo
Gérard Lanvin a prêté sa voix à cet état des lieux mais il n’en reste pas moins acteur. Un métier qu’il a choisi. Issu de la petite bourgeoisie, il grandit dans un système matriarcal car son père souffrant de tuberculose fait de longs séjours au sanatorium : "J’ai souffert de le voir souffrir". Une absence qui peut durer trois ans et qui le perturbe fortement car il ne peut pas non plus aller le visiter : "C’est assez perturbant de ne plus avoir le socle, la présence d’un homme qui pour moi était fondamentalement important."
Il arrête ses études rapidement en 1968 sur fond de contestations estudiantines et ouvrières : "On a fait la révolution, on avait des motos, des blousons en cuir. Les parents étaient non pas désespérés mais laissaient faire puisque c’était l’objet d’un comportement générationnel."
Il travaille sur les marchés puis tient un stand aux puces de Saint-Ouen et c’est là qu’il fait la connaissance de Martin Lamotte et Coluche qui étaient assez friands de fripes américaines (il vend une salopette à Coluche) et quelques temps plus tard, Martin Lamotte revient vers lui car il cherche un camion pour débarrasser des gravats dans le Marais et Gérard Lanvin se propose et raconte que : "De fil en aiguille, j’ai fait les travaux avec Martin Lamotte, Roland Giraud, Anémone et on a construit un café-théâtre qui s’appelle Le Point-Virgule". A ce moment-là, il ne se destine pas au métier d’acteur : "Mon parcours s’est fait par hasard, je n’avais aucune intention de devenir comédien. Je n’y ai même pas pensé dans ma tête."
Il fréquente donc l’équipe du Splendid et c’est Martin Lamotte, un jour, qui l’invite à jouer malgré ses réticences avec un argument imparable : "Si si tu sais jouer, ça fait deux ans qu’on tape dans les murs ensemble, tu sais jouer" et Coluche le fait travailler, répéter : "J’ai été, par Coluche, rassuré".
Le splendide esprit de famille
Il trouve une deuxième famille avec ses camarades de jeu avec une relation très forte avec Coluche et sa femme Véronique, chez qui il habitera cinq années. Dans cet entourage haut en couleurs, il y a aussi Renaud qui lui chipera sa femme et écrira une chanson humoristique sur son métier de vendeur de fringues Gérard Lambert mais Gérard Lanvin n’est pas rancunier et en rigole.
Renaud reste quelqu’un que j’aime profondément (…) Il a écrit ce qu’il a voulu. Ce n’était pas une raillerie ni rien. C’était un honneur qu’il parle de Gérard Lambert quelque part !
Gérard Lanvinà franceinfo
Le cinéma lui a permis d’avoir une vie très heureuse : "Et je le remercie parce que ce qui m’a permis d’être heureux dans la vie c’est de participer à des aventures humaines" et son activité de doublage, de voix-off est la continuité toute naturelle de son métier d’acteur et d'homme sensible et à l'écoute de la nature : "C’est formidable de poser sa voix, émotionnellement sur un regard de louve qui regarde son mâle Alpha crevé et qui reste à côté jusqu’au bout."
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