Chloé Trespeuch, médaillée d’argent en snowboardcross aux JO de Pékin : "Je suis une compétitrice avant tout et j'adore les défis"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la snowboardeuse, médaillée de bronze et d’argent aux JO de 2018 et 2022, Chloé Trespeuch.
Chloé Trespeuch est snowboardeuse, membre de l'équipe de France. En février 2022, elle a obtenu une médaille d'argent aux JO de Pékin, huit ans après sa médaille de bronze remportée aux JO de Sotchi. L'année 2022 marque également sa troisième place en Coupe du monde. A 27 ans, elle cumule 23 podiums en Coupe du monde, dont trois victoires et deux Globe de cristal en équipe. Elle a donc le palmarès le plus fourni de la jeune génération.
franceinfo : Cette année 2022 vous a offert de belles médailles, comme avez-vous vécu cette saison ?
Chloé Trespeuch : Une saison vraiment excitante. Pour nous, les sportives individuelles, les Jeux olympiques restent le Graal parce que ça nous permet de mettre en avant notre sport. C'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur d'être l'ambassadrice du snowboardcross, de donner un exemple aux jeunes. Après des Jeux olympiques réussis, contrairement à il y a quatre ans où j'avais une cinquième place très frustrante avec une chute sur la ligne d'arrivée, c'est une satisfaction de tout ce que j'ai mis en place pour en arriver là avec une équipe formidable autour de moi dans cet effort.
C'est vrai que cette chute a finalement engendré un changement d'entraînement, un changement d'objectif et une "niaque" finalement supplémentaire !
Oui, c'est ça. C'était le premier grand échec de ma carrière, enfin, la plus grande frustration. Très dur à vivre sur le moment parce qu'on se prépare tellement pour gagner. On ne s'imagine pas ce que ça peut faire de perdre, de passer à côté d'un objectif. Et quand on le vit, c'est hyper dur. Tout s'écroule. Rendez-vous dans quatre ans. Si ça se trouve dans quatre ans, je ne serai plus en forme, je me blesserai juste avant. J'ai eu peur de ne jamais revivre une chance de médaille après ma chute aux JO de 2018, mais avec du recul, c'est cet échec qui m'a permis d'en arriver là aujourd'hui et d'aller chercher cette médaille d'argent aux JO de Pékin.
C'est au travers de l'échec qu'on se pose des questions, qu'on cherche à s'améliorer, qu'on fait le point avec nous-mêmes sur ce qui nous motive, pourquoi on est là, ce qui nous fait envie, nous épanouit.
Chloé Trespeuchà franceinfo
J'ai fait le bilan de tout ça et je suis repartie sur quatre ans avec beaucoup plus d'envie, de motivation, d'intensité. Je suis une compétitrice avant tout et j'adore les défis, les challenges. En fait, c'est ça ma passion : me dépasser, sortir de ma zone de confort. On pratique tellement le snowboard pour arriver au haut niveau que je m'en étais un peu lassée et en fait, cet échec m'a permis de me rendre compte que non, je ne m'en étais pas lassée, il fallait juste que je casse un peu la routine de mon entraînement pour raviver la flamme en moi et depuis, c'est le feu.
Vous avez un frère qui fait du snowboard, c'est lui qui devient le pilier, un challenge ou pas ?
Oui. Alors, en grandissant dans la station de ski de Val Thorens, on est forcément attiré par tous ces sports de glisse. J'ai commencé le ski vers deux ans et puis le snowboard à six ans. Mon grand frère en faisait déjà en compétition. Mon papa pratiquait un petit peu, donc avant tout, c'était un jeu en famille. Il m'a un petit peu boosté puis j'ai pris la route du sport-étude et le goût de plus en plus fort de la compétition et l'envie d'évoluer pour aller chercher une médaille.
À 19 ans, vous décrochez une médaille de bronze aux JO de Sotchi. Comment le vivez-vous ?
C'est un moment incroyable parce que j'arrive 'outsider'. Je ne suis pas attendue, ce qui fait que je gère l'événement assez facilement parce que je n'ai pas d'attentes envers moi. Le monde autour de moi n'a pas d'attentes. Je découvre, je suis habillée en bleu, blanc, rouge, je représente mon pays, c'est super fort. Et puis je fais ma course et j'arrive jusqu'en finale et jusqu'à la médaille. Tout se passe très vite avec le retour en France, les médias, l'attente que je n'avais jamais eu, l'attention. À tel point que j'en ai oublié quelques morceaux parce qu'en fait, je ne contrôlais pas. J'ai même parfois un petit peu subi l'après-médaille, contrairement à celle de 2022 où je savais à quoi m'attendre et j'ai vraiment profité de chaque seconde. J'ai essayé de beaucoup plus me concentrer sur la manière, sur le chemin qui est tout aussi beau que la médaille. C'est dans le chemin qu'on apprend, qu'on grandit, qu'on vit tous ces moments de partage avec l'équipe et je pense que j'ai gagné en lucidité, en plaisir.
Et comme vous vous ennuyez, à côté, vous avez décidé de faire Sciences-Po. Vous avez besoin de ça aussi, de vous challenger ?
Je fais Sciences-Po en parallèle car j'ai envie que ma reconversion soit tout aussi heureuse et animée que ma carrière de sportive.
Chloé Trespeuchà franceinfo
Oui, je suis assez curieuse et du coup, j'avais la volonté de continuer d'apprendre et surtout de préparer l'avenir, et ça passe par un diplôme, parce que j'ai la chance de vivre de mon sport, d'être hyper épanouie.. Ça m'apporte beaucoup et un équilibre aussi, un peu émotionnel, parce que quand le sport prend trop de place, je me mets dans mes cours, ça me fait penser à autre chose et j'ai l'impression d'avancer aussi de ce côté-là de ma vie. C'est assez satisfaisant.
On a eu la médaille de bronze à Sotchi, on a eu la médaille d'argent à Pékin. Il manque la médaille d'or ! Quel est votre calendrier ?
Oui, il manque la médaille d'or et il manque aussi des victoires en Coupe du monde. J'en ai trois. Je me rends compte en regardant un petit peu ma carrière de quand j'étais poussine jusqu'à maintenant, j'ai très peu gagné. Je suis souvent deuxième ou troisième. Donc je crois que j'ai encore un petit blocage pour aller chercher la victoire. Ça fait quelque chose de plus à travailler, mais oui, dès cet été, j'aurai en ligne de mire ces Jeux olympiques.
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