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Angélique Kidjo : "C'est par la musique qu'on évitera le chaos en Afrique"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Elodie Suigo et se confie. Aujourd'hui, la chanteuse Angélique Kidjo.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Angélique Kidjo sur la scène du Carnegie Hall, à New York, le 7 février 2019 (ILYA S. SAVENOK / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Quand une diva rend hommage à une autre, ça donne Célia, le dernier album d'Angélique Kidjo, sorti le 19 avril dernier. Elle y honore Célia Cruz, l'un de ses modèles dans le monde de la musique. "C'est une femme qui est dans la lumière. Dès le départ elle s'est dit 'Soit je suis moi, soit je laisse les autres me définir'. Elle est flamboyante quand elle monte sur scène, et elle est heureuse."

Et le meilleur moyen pour lui rendre cet hommage était forcément la musique : "Elle est vraiment au centre de ma vie, elle sert à créer des ponts entre les êtres humains. Quand j'étais petite, ma maman avait un théâtre, et je n'arrêtais pas de lui casser les pieds, je connaissais toutes les répliques ! Et un jour où il y avait l'opportunité, elle m'a tirée de sous les costumes et m'a foutue sur la scène."

Une éducation à la tolérance 

Ses parents lui ont toujours appris à se respecter et respecter les autres. "Mon père nous a amené beaucoup de culture. Quand mes frères ont décidé de faire de la musique, c'est lui qui a fait un prêt pour acheter tous les instruments. Il faut quand même savoir qu'on n'était pas une famille riche, mon père était le seul à travailler pour nourrir dix enfants. Moi j'en ai un, et je me demande encore comment ma maman a fait pour nourrir et habiller tout le monde. Mon père a trouvé le moyen de nous acheter des livres et des uniformes."

Mes parents ont fait de la maison un endroit libre de parole. Ils nous disaient qu'il n'y avait pas de sujet tabou, à l'exception du racisme, l'antisémitisme et la xénophobie : 'On n'a pas de temps pour la haine ici'.

Angélique Kidjo

à franceinfo


Féministe, Angélique Kidjo ne se dit pas anti-hommes pour autant. "J'ai eu des frères. J'ai aussi eu un père qui a laissé toute indépendance à ma mère. Il disait 'Votre mère a une tête, j'ai épousé une femme fantastique, elle a le droit de prendre des décisions autant que moi. Si elle a envie de faire quoi que ce soit, tant qu'elle revient à la maison heureuse, je suis l'homme le plus heureux de la Terre. Et c'est pareil pour vous, ne prenez pas votre sexe comme un handicap, mais comme une force'."

Mon père nous disait 'Les rêves, les ambitions ne doivent pas avoir de sexe.' Je n'ai pas d'argent, la seule richesse que je peux vous donner, c'est l'éducation'.

Angélique Kidjo

à franceinfo

Angélique Kidjo est considérée par le magazine Times comme la première diva africaine, une qualification qui la touche. "Pour moi c'est par la musique qu'on évitera le chaos en Afrique, parce que tant qu'on a un moyen de s'exprimer qui fait que la rage sort de soi et qu'on est, par la musique, dans la construction de quelque chose de positif, on y arrivera toujours."

Célia, le dernier album d'Angélique Kidjo est sorti le 19 avril, elle est en tournée dans toute la France.

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