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Les propositions de Dominique Strauss-Kahn pour la Grèce

Peut-on éviter une sortie de la Grèce de l’euro ? Pour Dominique Strauss-Kahn, la réponse est oui. Le week-end dernier, l’ex-patron du FMI est sorti de son silence pour faire une proposition.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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 Cette sortie surprise de l’ancien ministre des Finances est intéressante, non seulement parce que Dominique Strauss-Kahn fait partie de ceux qui ont beaucoup œuvré pour l’euro mais surtout parce qu’il eut à gérer lui-même les débuts de la crise grecque en tant que patron du Fonds Monétaire International.

Sur la forme, il s’agit d’une note de trois pages, en français et en anglais titrée "Apprendre de ses erreurs", envoyée via Twitter. La note a été regardée par plus d’1,5 million de personnes en seulement 24 heures, c’est dire si la crédibilité de la parole de DSK en matière d’économie demeure à son plus haut niveau.

Sur le fond, l’ancien patron du FMI tire la sonnette d’alarme. "Le danger vient maintenant , écrit-il, de ce que soyons collectivement incapables de tirer les leçons de notre expérience ". DSK redoute que la Grèce et ses financiers continuent en toute inconscience de se diviser, de se rejeter mutuellement la faute. "Il faut , dit-il, penser différemment, changer complètement de logique tout de suite ".

Concrètement, que propose Dominique Strauss-Kahn ?

Sa proposition tient en trois points : les créanciers, c’est-à-dire l’Europe et le FMI, suspendent tout financement nouveau à la Grèce : pas de nouvelle tranche d’aide financière à Athènes, pas de prolongement du programme d’aide, c’est terminé ;on accorde à la Grèce une large extension de la durée des prêts dont elle a bénéficié et donc de sa dette. C’est ce qu’on appelle un allongement des maturités d’emprunt, en clair : pendant deux ans, la Grèce n’aurait quasiment rien à rembourser, le temps de se refaire une santé ;les créanciers concèderaient une réduction massive de la dette grecque à l’égard des institutions publiques. On prend ainsi acte que la dette grecque qui atteint 180% du PIB n’est tout simplement pas remboursable en totalité, ce que chacun des créanciers sait très bien mais qu’il refuse aujourd’hui de reconnaître.

Est-ce-que tout ça pourrait marcher ?

La proposition de DSK a le mérite de s’attaquer au fond du problème, une fois pour toutes. Il ne s’agit plus de bricolage : ici, une taxe sur l’île de Mykonos, là une demi-mesure sur les retraites… Non, c’est un plan global. Elle est ensuite, politiquement, très habile puisqu’elle prend au mot les Grecs. Elle les place devant leurs responsabilités, car sans aide financière de secours et sans accès aux marchés financiers, les Grecs seront tenus d’équilibrer leur budget, ils choisiront eux-mêmes les moyens de le faire. On cessera de marchander et de leur dicter des plans de réforme plus ou moins aléatoires et souvent perçus par l’opinion, à juste titre, comme des diktats venus de l’extérieur. DSK le dit lui-même : il n’ignore pas les difficultés politiques de son plan, il ajoute même qu’il n’est pas totalement sûr que ça marche, mais au point où on en est et devant la gravité du risque que la crise grecque fait peser sur l’existence même de la zone euro, l’imagination et le courage devraient peut-être reprendre le courage.

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