Déficit public : la question des hausses d’impôts fait débat au sein de la majorité
Après l’annonce du déficit public qui a atteint 5,5% du produit intérieur brut (PIB) sur l’année 2023, beaucoup plus que les 4,9% prévus, puisqu’il représente 15 milliards d’euros de différence, le gouvernement cherche de l’argent, des milliards d’euros. Et c’est Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale qui, la première, fin mars, évoquant les superprofits, les superdividendes, a émis l’éventualité d’augmenter les impôts. Pour cette macroniste de la première heure, il ne doit pas y avoir de tabou : à dépenses exceptionnelles, pourquoi pas une contribution exceptionnelle, temporaire, sur les plus aisés.
Mais, pour Emmanuel Macron et le gouvernement, augmenter les impôts, il n’en est pas question, mieux vaut couper dans les dépenses. Pour Emmanuel Macron, augmenter les impôts serait un renoncement. Depuis qu’il est arrivé à l’Élysée, il a supprimé la taxe d’habitation, la redevance, mais surtout l’ISF, l’impôt sur la fortune, qu’il a toutefois remplacé par l’IFI, qui cible le patrimoine immobilier. Si on en croit Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, en passer par des hausses d'impôts serait "une facilité". Bercy rappelle surtout que 10% des Français paient à eux seuls 70% de l’impôt sur le revenu. C’est donc très concentré et si on prend toutes les autres taxes (CSG, etc…), la France détient le taux le plus élevé de prélèvements obligatoires. Et pour les très très riches, il existe déjà une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus.
Le patronat craint que les entreprises soient ciblées
Du côté des entreprises, Emmanuel Macron a baissé l’impôt sur les sociétés de 33 à 25%, mais il reste encore plus élevé en France que la moyenne de l’Union européenne, où il est à 21%. Mais étant donné les profits records engrangés par les entreprises du CAC 40 en 2023 (plus de 160 milliards d’euros) et les superdividendes qu’elles ont versées à leurs actionnaires, la question de leur demander de participer à l’effort se pose.
D’ailleurs, c’est bien la crainte du patronat, que les entreprises soient des cibles. Medef, comme CPME, ont par exemple peur que le gouvernement ne tienne pas sa promesse de supprimer d’ici la fin du quinquennat, les impôts de production qui pèsent sur les entreprises. L’autre crainte du patronat est que le gouvernement n’enlève des aides aux sociétés, comme des exonérations de cotisations sur les salaires, des niches fiscales, comme le crédit d'impôts recherche, etc… Le débat ne fait que commencer.
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