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Crise : la France passe au vert ?

Moment très attendu ce jeudi soir, les économistes de l’Insee dévoilaient leur étude de conjoncture. Une seule question : la France est-elle enfin sortie de la crise ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Vincent Giret 2015-2016 © Christophe Abramowitz)

Je vais bien me garder d’user l’une des formules dont raffolent nos responsables politiques, donc je ne vous dirais pas que la France voit le bout du tunnel, comme l’avait annoncé Valéry Giscard d’Estaing en pleine crise du pétrole et avec le succès que l’on sait. Non, je serai d’autant plus prudent que les prévisionnistes de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, ont la fâcheuse habitude d’abuser du conditionnel pour parer par avance à toute critique sur un excès d’optimisme. Donc, à ces réserves près, oui, cette note de l’Insee annonce enfin le retournement de la courbe du chômage. Léger, très léger certes, mais réel, voici la phrase exacte :  "L’emploi total augmenterait plus vite que la population active et le taux de chômage baisserait de nouveau modérément pour atteindre 10,2% à la mi-2016 sur l’ensemble de la France."  Ouf, ça y est : l’inversion de la courbe du chômage promise par le président Hollande pour 2013 devrait donc se produire juste avant l’été 2016.

Qu’est-ce qui permet à l’Insee d’affirmer que cette fois, c’est la bonne ?  

Plusieurs indicateurs, pas tous, sont en train de passer au vert. D’abord, la croissance tient bon, un peu molle certes, mais ce que les économistes appellent l’acquis de croissance, c’est à dire sa dynamique, semble suffisamment robuste et annonce donc une année meilleure que la précédente.

Deuxièmement, point très important, la compétitivité de la France, qui s’était sévèrement dégradée depuis le début des années 2000, commence à s’améliorer. Voilà donc une autre courbe décisive qui se retourne. C’est très important parce que cela veut dire que nos parts de marché se sont stabilisées, que notre déficit commercial diminue, que l’écart avec l’Allemagne se réduit, l’Allemagne étant notre principal concurrent sur les marchés extérieurs.

Troisièmement, autre indicateur positif, les marges des entreprises sont en passe de retrouver leur niveau d’avant la crise, nous dit l’Insee, C’est aussi très important, ces marges s’étaient réduites comme peau de chagrin, elles reprennent des couleurs, élément essentiel pour que les chefs d’entreprise retrouvent un niveau de confiance qui les pousse à investir et à prendre des risques. Signe qui ne trompe pas : l’investissement commence enfin à frémir.

Enfin, quatrièmement, dernier élément positif : la consommation tient bon, nous continuons à profiter de la baisse des prix des carburants, c’est un vrai moteur de l’activité française. 

Alors qu’est-ce qui pourrait contredire ce scénario enfin encourageant ?

Nous sommes entrés avec la mondialisation dans l’ère des interdépendances. Ce qui veut dire que s'il y a beaucoup de choses qui dépendent des choix politiques faits en France et du potentiel de notre tissu économique, il y a aussi, bien sûr, des éléments déterminants venus de l’extérieur. La note de l’Insee évoque la déprime des grands pays émergents, le tassement de l’activité dans les grandes économies occidentales, un commerce mondial au ralenti, une fébrilité sur les marchés financiers, bref autant de nuages qui peuvent provoquer de petits ou de grands orages dans l’année. C’est pour ça que la prévision en économie, un domaine où il y a tant de paramètres, est un art très risqué. Donc en résumé, oui, les signes d’amélioration sont là, enfin, mais ils restent à confirmer surtout du côté de la compétitivité.

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