Sols en PVC, vinyle, linoléum : certains résistent mal

Si vous envisagez de rénover le sol d'une de vos pièces, à la maison, sachez que les produits ne manquent pas. Mais ils ne sont pas toujours à la hauteur.
Article rédigé par Catherine Pottier, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Revêtements de sols. Comment trouver le modèle qui correspond à vos souhaits esthétiques et à vos impératifs pratiques...(Illustration) (DAN REYNOLDS PHOTOGRAPHY / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Même si la météo est encore capricieuse, le printemps n’est pas si loin, et ça donne envie de faire des projets : refaire une pièce de la maison par exemple, repeindre les murs ou changer le revêtement du sol, et dans ce domaine, les offres sont multiples, mais pas toujours à la hauteur. Hervé Cabibbo, rédacteur en chef adjoint de 60 Millions de consommateurs a testé ce mois-ci des sols PVC, des vinyles et des linoléums.

franceinfo : Déjà, quelle est la différence entre PVC, vinyle et linoléum, est-ce la même composition ?

Hervé Cabibbo : Le linoléum, ou "lino", pour le dire plus simplement, est fabriqué exclusivement à partir de matières premières naturelles : une pâte faite d’huile de lin et de résine végétale, qui est mélangée avec de la poudre de liège, de la poudre de bois et des pigments. Ce n’est pas du plastique. 

Les revêtements PVC et les revêtements vinyle, quant à eux, sont en plastique. Leur nom savant, c’est polychlorure de vinyle. La différence entre les deux tient au procédé de fabrication, qui fait que le PVC est en général plus rigide que le vinyle, et présenté sous forme de lames. Le vinyle est moins épais, donc plus souple, et disponible sous forme de rouleau. 

Sur quoi ont porté vos tests ? 

Avant tout sur la capacité à résister aux outrages de la vie courante. Comme les meubles que l’on déplace, les chaises que l’on tire un peu trop brusquement, les gravillons restés coincés sous la chaussure, tout ce qui peut marquer durablement un revêtement. Concrètement, nous avons évalué la résistance aux rayures, à l’abrasion, aux salissures, mais aussi aux poinçonnements, c’est-à-dire la capacité à résister à un objet pointu.  

Pour ce qui est de la résistance aux salissures, nous avons par exemple soumis nos revêtements à un mélange fait de terre, d’huile de moteur et de gelée de groseille. Et c’est un sans-faute, tous ont passé l’examen avec succès. En revanche, pour les autres tests, ils arrivent en ordre très dispersé.  

Et quels sont les sols qui ressortent en tête ? 

Les PVC, un peu plus épais et vendus en lames donc, sont incontestablement les plus résistants. Sur les 10 références de notre essai, qui compte 2 linos, 4 vinyles et 4 PVC, ce sont ces derniers qui prennent les 4 premières places de nos tests de performance, puisque c’est ainsi que nous les appelons. 

Le vinyle, c’est le plus fragile ? 

Très nettement. Tous nos vinyles ont échoué aux tests d’abrasion. Ils sont sensibles au frottement répété d’objets d’un certain poids, pour le dire plus clairement. Les tests de rayure, c’est le caillou coincé sous la chaussure par exemple, et les tests de poinçonnement confirment également une certaine fragilité.  

Pour entrer un peu dans le détail de ce test de poinçonnement, nous appliquons sur le revêtement, et pendant 2 heures et demie, un poinçon de 1,2 cm de diamètre, surmonté d’un poids de 50 kilos. Ce qui laisse des marques visibles à l’œil nu. Toutefois, c’est important de le préciser, et cela permet de relativiser cette fragilité, les marques finissent par disparaître avec le temps, après quelques semaines.  

Vous avez aussi testé les substances contenues et dégagées par ces différents matériaux. Est-ce que les étiquettes des produits mentionnent les polluants ? 

Depuis 2013, les revêtements de sol, murs ou plafonds, les cloisons, les faux plafonds, les matériaux d’isolation, les portes et fenêtres, s’ils sont destinés à l’intérieur du logement, doivent arborer une "étiquette d’émissions dans l’air intérieur". Cette étiquette indique leur niveau d’émission en composés organiques volatils, ce qu’on appelle plus communément les COV.

Ce sont des molécules polluantes qui ont pour la plupart la particularité de s’évaporer à température ambiante. Nous avons ainsi mesuré l’émission de ces COV, pour chaque revêtement, après 3 jours et 28 jours de pose. Et nous avons constaté des émissions extrêmement variables entre les références.  

Alors, pas de panique, les concentrations sont nettement sous les seuils à ne pas dépasser. Mais nous les avons quand même pénalisés car les revêtements ne sont pas les seuls émetteurs de telles substances dans notre intérieur. Nous avons ainsi considéré les éventuels cumuls.  

En termes de prix, il y a de grandes différences selon les produits ?

    Il faut compter entre 13 et 14 euros le mètre carré, en moyenne, pour les vinyles. Et entre 30 et 45 euros le mètre carré, en moyenne, pour les PVC et les linos. Les PVC, pour rappel, les plus épais et les plus résistants, mais aussi les linos, peuvent donc se payer trois fois plus cher que les vinyles. Ce qui peut considérablement changer le budget "sols" d’une grande maison à rénover.  

    Quelles sont les bonnes questions à se poser avant de choisir un produit ? Tout dépend des pièces que l’on veut rénover ? 

    La couleur, le motif, il faut bien évidemment sélectionner son revêtement en fonction de critères esthétiques. Il faut acheter celui qui nous plaît bien sûr. Mais sans perdre de vue qu’un revêtement doit être adapté à la pièce à laquelle on le destine. D’abord, je le répète, les sols en PVC et vinyle sont en plastique, et donc imperméables. Ils sont donc tout à fait adaptés aux pièces humides, comme les salles de bains, les WC ou les cuisines. Mais ce n’est pas du tout le cas des linos fabriqués à partir de matières naturelles.  

    Ensuite, certains revêtements sont réservés à une chambre d’adulte ou un bureau, où les passages sont moins fréquents. D’autres sont adaptés aux séjours et halls d’entrée, où les passages sont bien plus importants. Usage modéré ou usage intensif : là, l’information n’est pas toujours bien mise en évidence en magasin, ou sur les étiquettes, c’est ce que nous avons constaté à l’occasion de notre essai. C’est donc un point à vérifier avant l’achat !  

    Dernière chose, l'entretien : quels sont les sols les plus faciles à entretenir ? 

    Ce sont des revêtements qui ont la réputation d’être facile à entretenir. Et c’est vrai. Un coup d’aspirateur, un balayage à sec ou en utilisant un balai trapèze muni d’un bandeau microfibres, et votre PVC, votre lino ou votre vinyle est comme neuf. Attention, pas de lavage à grandes eaux pour le lino qui, encore une fois, n’est pas une matière plastique. 

    Pour les salissures ponctuelles, si elles sont acides comme du vinaigre ou du citron, ce qui peut entraîner des décolorations, privilégier du savon noir dilué dans de l’eau chaude. C’est-à-dire un détergent doux. Vous pourrez garder ces sols sur plusieurs dizaines d'années, si vous en prenez le plus grand soin.

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