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Cosmétiques : quels sont les produits les plus "propres" ?

"60 Millions de consommateurs" a réalisé une étude comparative des produits cosmétiques les plus propres. Du bio, du vegan, du naturel, des produits pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants. Gare à la composition ! De nombreux produits contiennent des substances à risque, pour l'environnement et la santé.
Article rédigé par Catherine Pottier, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
76 produits cosmétiques passés au crible ce mois-ci dans le magazine "60 Millions de consommateurs". Les produits les plus chers ne sont pas toujours les plus vertueux pour l'environnement et la santé. (Illustration) (GUIDO MIETH / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Dans une nouvelle enquête d'Adélaïde Robert, publiée dans le numéro de janvier 2023, 60 Millions de consommateurs réalise une étude comparative des produits cosmétiques les plus propres. Surprenant quand on parle d'hygiène. Et pourtant, il y a de plus en plus de produits en rayon : du bio, du vegan, du naturel,  des produits pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants, mais il y a des ingrédients qu'on voudrait mettre au panier.

Adélaïde Robert a testé 76 produits de quatre familles différentes. Avec des résultats qui révèlent que beaucoup trop de produits contiennent des substances à risque.

franceinfo : Pour commencer, un mot de la réglementation européenne déjà. Est-ce qu'elle est stricte ? Est-ce qu'il y a des substances interdites, et surtout, est-ce qu'elle est respectée ?

Oui, la réglementation cosmétique appliquée en France est l’une des plus protectrices au monde. Il y a des substances interdites ou dont la concentration est limitée, mais il y a parfois un délai, entre le moment où l’on suspecte un risque et la réglementation d’une substance. Parfois la réglementation est un compromis entre les exigences sanitaires et industrielles, et on a de toutes façons sur le marché des produits qui, tout réglementaires qu’ils soient, ne se valent pas au plan de la composition. 

Ce mois-ci vous avez testé 76 produits différents ? Quel était l'objectif de ce test ? 

L’objet de cet essai était justement de repérer ceux qui avaient la composition la plus "clean", en termes de risque pour l’environnement et pour la santé.

Parmi les produits que vous avez testés, il y a les crèmes hydratantes, que l'on met en général tous les matins sur son visage. Est-ce que les grandes marques sont toujours synonymes de qualité ?

Non, du point de vue de la composition (nous n'avons pas évalué la performance) les marques de distributeurs font jeu égal avec les marques de parapharmacie ou parfumerie, et concernant les crèmes hydratantes, les deux produits de tête sont même des produits Carrefour et Leclerc.

Et le bio ?

Les produits labellisés bio présentent un moins grand nombre d’ingrédients controversés ou à risque, mais il ne faut pas faire un raccourci trop rapide : certains produits labellisés bio ont un score médiocre, parce qu’ils cumulent des ingrédients, certes bio, mais sensibilisants ou irritants. La crème Garnier bio, par exemple, se retrouve pénalisée dans cette sélection. En fait, le fait d’être naturel ou bio, n’a rien à voir avec l’innocuité : les huiles essentielles sont l’exemple typique, elles peuvent être dangereuses et contre-indiquées chez l’enfant ou la femme enceinte.

Il y a aussi beaucoup mieux à faire dans les produits pour hommes notamment, c'est un nouveau marché la cosmétique masculine ?

Oui, effectivement, c’est un peu la mauvaise surprise : les crèmes, les déodorants pour hommes, qui ont été inclus dans ce comparatif, ont une composition un peu moins "clean", ils sont moins la cible de produit bio, naturels, il y a plus de sensibilisants, d’irritants.

Vous avez aussi regardé de près l'univers des shampoings et des gels douches. Est-ce qu'il y a beaucoup d'ingrédients à risque dans ces produits, à la fois pour la santé et pour l'environnement ?

Dans les shampoings et gels douche on peut trouver pas mal d’irritants, de conservateurs – il en faut, enfin moins pour les produits solides, mais le choix de conservateurs est restreint et il y en a peu de parfaitement inoffensifs – et puis pour ces produits qui sont rincés et qui vont donc se déverser dans l’environnement, l’impact écologique est assez pénalisant, car ils contiennent souvent des ingrédients à risque, comme les silicones qui sont néfastes pour l’environnement.

Et là encore, les produits pour hommes laissent à désirer ? 

Oui, là aussi, on a effectivement, comme dernier produit du classement, un produit pour homme (le gel douche Nuxe men) mais c’est le seul produit pour homme dans ces deux catégories, donc c’est difficile d’en tirer une généralité.

Est-ce que les shampoings secs sont mieux que les shampoings ordinaires au niveau sanitaire ?

Oui, notamment parce qu’il y a moins, voire pas de conservateurs dans les produits solides, donc dans notre sélection, ceux qui sortent en tête sont justement un shampooing en poudre, Yodi, ou une recette Do it yourself de Waam. Maintenant nous n’avons pas testé l’efficacité mais la qualité de la composition, et par ailleurs, il faut se méfier des généralités, et rester attentifs à la composition des cosmétiques solides.

Les produits qui ont l'impact environnemental le plus fort, ce sont souvent les déodorants, ce sont eux aussi qui ont le plus de substances sensibilisantes pour la peau…

Oui, on trouve beaucoup de polluants dans les déodorants, mais ce ne sont pas ceux qui ont l’impact environnemental le plus fort, dans le sens où ils vont essentiellement être absorbés par la peau, et relativement peu être rincés avec la douche, contrairement aux shampooings. Leur principal défaut est de contenir des substances sensibilisantes, car ils ont des parfums pour masquer les mauvaises odeurs et les molécules parfumantes sont souvent sensibilisantes.

Est-ce qu'il y a une différence entre les déodorants et les anti-transpirants ?

Oui, les déodorants ne font que masquer les mauvaises odeurs, ils ne régulent pas la sudation, les anti-transpirants, eux, freinent la production de sueur. Ils n’ont donc pas la même composition. Les sels d’aluminium sont par exemple présents dans beaucoup d’anti-transpirants, mais pas dans les déodorants.

On parle beaucoup des perturbateurs endocriniens, qui peuvent dérégler certaines de nos fonctions hormonales. Vous avez trouvé ce type de substances sur certaines étiquettes ?

Oui, pas des perturbateurs endocriniens avérés, mais des molécules qui sont suspectées de l’être, qui font déjà l’objet pour certaines d’une limite de concentration, et que l’on peut préférer éliminer tout de suite de ses cosmétiques. C’est le cas de pas mal de filtres UV comme les benzophénones, l’homosalate, l’octocrylène.

On sait que les processus d’évaluation prennent du temps et qu’il peut s’écouler des années entre le moment où on suspecte un risque, où il est avéré, et où la réglementation aboutit à une interdiction. Donc dans l’intervalle, on peut choisir des produits alternatifs qui ne contiennent pas ce type de substances.

Si on devait résumer votre enquête, que diriez-vous ?  Est-ce qu'il y a un conseil à donner aux auditeurs de franceinfo ?

Le conseil, c’est d’être vigilant sur les produits qui contiennent beaucoup d’ingrédients, se méfier des produits très parfumés. Mieux vaut aller vers des cosmétiques solides, ou labellisés bio, si on en a les moyens, mais si le test n’est pas concluant en termes d’efficacité ou de tolérance, essayer autre chose : on a quand même un choix incroyable de cosmétiques, autant en profiter.

Et encore une fois le plus cher n'est pas forcément le meilleur ?

Oui, ne pas tenir pour acquis qu’un produit cher et de marque aura une composition plus vertueuse qu’un produit de supermarché.

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