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Éducation : à quoi ressemble le métier d'enseignant en Allemagne, en Finlande et en Israël ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde.

Article rédigé par franceinfo - Nathalie Versieux, Frédéric Faux et Alice Froussard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Une élève lève la main dans une école de Beckum, den Allemagne, le 6 juillet 2021. Photo d'illustration. (INA FASSBENDER / AFP)

La question de l'éducation et en particulier celle de la rémunération des enseignants en France est au cœur de la campagne pour l'élection présidentielle de 2022. Direction l'Allemagne, la Finlande et Israël pour voir comme y sont traités les professeurs.

L'Allemagne, un pays de rêve pour les enseignants ?

Outre-Rhin, le métier de professeur est particulièrement bien considéré. La pénurie en enseignants liée à l'évolution démographique est un facteur supplémentaire pour expliquer le niveau élevé des salaires dans le pays. En fin de carrière, le salaire peut atteindre 5 500 euros bruts par mois. Mais les différences sont importantes selon les régions.

L'éducation relève en Allemagne de la compétence des Länder. Ce sont donc eux qui fixent le contenu des programmes, des examens, mais aussi eux qui déterminent  le niveau des salaires en fonction de grilles valables dans toute la région. Il n'y a donc pas d'équivalent de l'Éducation nationale en Allemagne. Les enseignants présentent directement leur candidature auprès des établissements où ils souhaitent travailler. Ce sont les directeurs qui mènent les entretiens d'embauche et qui choisissent les candidats. Globalement, les salaires sont nettement plus élevés qu'en France. Un professeur débutant dans le primaire gagne entre 3 500 et 4 000 euros bruts par mois. Dans le secondaire et au lycée, les salaires varient entre 4 000 et 4 600 bruts par mois. La palme revient aux professeurs de lycée en fin de carrière du Bade-Wurtemberg avec 5 665 euros bruts par mois.

Il n’y a pas d'enseignants dans les rues, ni de grèves des profs dans le pays. Il est vrai que le statut de fonctionnaire interdit aux enseignants de manifester. Il y a toutefois des insatisfactions qui sont liées aussi aux fortes variations de statut des enseignants. Ainsi la ville de Berlin, très endettée pendant plusieurs années, a cessé d'accorder le statut de fonctionnaire à ses enseignants, faute de moyens financiers. Avec une conséquence dramatique pour les écoles de la ville : la fuite des enseignants vers le Brandebourg voisin, qui pratique des niveaux de salaires plus élevés. 

Un modèle finlandais transposable à l'étranger ?

Ce pays scandinave est souvent pris comme modèle quand on parle d’éducation. Depuis le début des enquêtes Pisa, qui testent les connaissances des élèves de 15 ans, la Finlande truste les premières places pour les pays européens, loin devant la France. Mais une question se pose : serions-nous prêts à accepter tous les changements culturels et sociaux que cela implique ? 

Pour répondre à cette question, on peut s’intéresser aux professeurs. Un enseignant finlandais assure entre 18 et 24 cours par semaine, plus deux heures consacrées à des réunions pédagogiques. Il passe par une sélection drastique - le taux de réussite à l’examen varie de 8 à 20% - au bout de laquelle il doit "vendre" ses compétences aux directeurs et proviseurs qui vont l’embaucher. Un système scolaire à la finlandaise implique aussi une vingtaine d’élèves par classe et des salaires à plus de 3 000 euros par mois.

En plus de cet aspect matériel, il y a aussi la question de la pédagogie. Alors qu’en France, on se focalise sur la discipline et les notes, en Finlande, les mots-clés, ce sont "initiative des élèves" et "mise en valeur de leur qualité". L’enseignant ne peut pas noter en dessous de 4 sur 10, mais il a une totale liberté pour adapter son cours. "Je dois m’assurer que mes élèves puissent communiquer en anglais mais avec quelle méthode, c’est à moi de décider, indique Hemi, professeur de langue en Finlande. Donc si ma classe fonctionne mieux avec des projets, ou en passant par le jeu, la musique, je le fais." 

Aucune crainte qu’un inspecteur vous rappelle le programme à suivre, le corps d’inspection a été supprimé dans les années 1990. Le modèle finlandais tente de s’exporter. Il y a même un organisme qui vend le savoir-faire finlandais à l’étranger - Education Finland - mais on y rappelle les règles de toute réforme scolaire : Il faut du temps, y aller progressivement, et surtout avoir un consensus politique.

En Israël, des salaires dérisoires dans le secteur public

Dans l’État hébreu, il y a différents types d’éducation : beaucoup d’écoles privées, hors contrats, ou encore des yeshivas, ces écoles où l’on enseigne que la religion. Mais si on se concentre sur l’école publique, gouvernementales, les professeurs sont plutôt mal payés. En début de carrière, mais également après plusieurs années, les professeurs en Israël - aussi bien dans le primaire que dans le secondaire - ont des salaires dérisoires. Selon un examen annuel de l’éducation dans les pays de l’OCDE, publié en septembre 2021, les enseignants du pays sont moins bien payés que la moyenne, alors que les classes israéliennes sont parmi les plus surchargées. En fait, ils gagnent 6% de moins si l’on compare leurs salaires en utilisant une échelle de pouvoir d’achat, notamment car la vie est très chère en Israël. Parfois, leur salaire de départ peut être inférieur au salaire habituel des serveurs. Selon une enquête publiée par le quotidien économique israélien The Marker, un enseignant israélien sur cinq abandonne la profession au cours des trois premières années.

Les professeurs s’insurgent depuis longtemps.. critiquent notamment le fait que les administrateurs de l’éducation ne soient pas issus du corps enseignant. Ils demandent une revalorisation du salaire ou du prestige général de la profession et à chaque rentrée, il y a des menaces de grèves, menées par le syndicat des enseignants. Résultat, il y a une vraie pénurie d’enseignants en Israël. Un manque qui existait déjà avant la pandémie de coronavirus, mais qui ne fait que s’aggraver. Le principal syndicat d'enseignants craint d’ailleurs une rentrée scolaire difficile en septembre prochain s’il n’y a pas d’accord sur les salaires en juin, évoquant des fermetures de classes entières. 

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