Pourvoir d'achat : le "pass colo" du gouvernement pour les enfants de 11 ans, une "arme anti-RN" ?

Le gouvernement lance jeudi le "pass colo" pour aider les enfants de 11 ans à partir en colonies de vacances cet été. Un moyen de parler aux classes moyennes, attirées par le vote RN.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre, Gabriel Attal, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 avril 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le "pass colo ", c'est une aide de l'État de 200 à 350 euros pour que les enfants de 11 ans puissent partir en colonie de vacances cet été. Ce sont environ 600 000 préados qui pourront potentiellement en bénéficier. Ce coup de pouce est ouvert à 80% des familles. Seuls les 20% de foyers les plus riches ne peuvent pas y prétendre. La ministre déléguée en charge de l'enfance, de la jeunesse et des familles, Sarah El Haïry, lancera officiellement ce "pass colo" jeudi 11 avril dans l'Hérault, dans un centre de loisirs à La Grande-Motte.

Malgré la période de disette budgétaire, quelques dizaines de millions d'euros ont déjà été verrouillés. Autant dire que si tout le monde veut en profiter, il risque d'y avoir besoin d'une rallonge. Aux yeux du gouvernement, ce "pass colo ", c'est une dépense utile pour sociabiliser les enfants, offrir une alternative aux écrans pendant les vacances si les parents travaillent. C'est aussi vu comme une "arme anti-RN", car ce "pass colo" n'est pas réservé aux plus modestes, qui ont déjà basculé du côté du Rassemblement national. Il cible aussi les classes moyennes, où le RN gagne des parts de marché. Illustration dans le dernier sondage Ifop pour les européennes : Jordan Bardella est à 28-30% chez les classes moyennes, quand la liste macroniste de Valérie Hayer est à 21% chez les classes moyennes supérieures et à 18% chez les classes moyennes inférieures.

Convaincre "ces Français de l'entre-deux" et un électorat plus jeune

Le gouvernement choisit de rendre ce "pass colo" accessible au plus grand nombre, et assume de s'adresser à "ces Français persuadés que le pouvoir ne les regarde jamais", "ces Français qui travaillent, n'ont aucune aide, mais galèrent". Si ça vous rappelle Gabriel Attal, c'est normal. Pendant son discours de politique générale fin janvier, le Premier ministre avait choyé "ces Français de l'entre-deux, trop riches pour bénéficier des aides, mais pas assez pour ne pas compter". Voilà donc une aide à laquelle ils peuvent prétendre.

Ce "pass colo" est aussi un moyen de convaincre un électorat plus jeune de ne pas se détourner de la macronie, à l'heure où la liste de la majorité présidentielle est à 28% chez les plus de 65 ans dans le dernier sondage Ifop, et seulement à 13-14% chez les 25-50 ans, avec un RN à 31-32% dans cette tranche d'âge. Aujourd'hui, la macronie séduit davantage les grands-parents que les parents.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.