Le brief éco. La drogue dope le PIB français
D'après l'Insee, le trafic de drogue represente en France 2,7 milliards d'euros. Cette valeur est désormais intégrée dans le calcul de la croissance économique.
2,7 milliards d’euros : c’est ce que pèse le trafic de drogue en France, désormais intégré dans le calcul de notre croissance économique. L’Insee publie les chiffres pour la première fois. Ce nouveau mode de calcul était demandé par Eurostat, l’office européen des statistiques, pour harmoniser les données fournies par les tous les pays européens. L’Institut national de la statistique avait tranché en janvier dernier après plusieurs années de débat : à partir du mois de mai, l’Insee intègrerait la consommation de stupéfiants dans le calcul de la croissance. Le moment est arrivé.
Le marché et la consommation de stupéfiants sont légaux dans de nombreux Etats, notamment aux Pays-Bas. C’est pris en compte comme un commerce à part entière et intégré dans le calcul du PIB (la richesse produite chaque année par le pays). Du coup, Amsterdam affiche une croissance "dopée" par rapport à ses voisins. L'objectif d’Eurostat est de mettre tout le monde à niveau pour que les différences s'estompent.
Un poids réel
Sur les 2,7 milliards d’euros générés par le trafic de drogue en France, un milliard d’euros viennent du cannabis, 800 millions du trafic de cocaïne. Ces chiffres incluent la production, les dépenses de transport (que l’administration sait évaluer), les marges réalisées sur la vente aux particuliers, etc. Des montants importants, somme toute limités au regard du produit intérieur brut global de la France qui approche les 2 300 milliards d’euros.
Croissance gonflée
Concrètement dans le cas de la France, ces 2,7 milliards représentent 0,1 point de PIB (donc 0,1 point de croissance en plus). Pour ce qui est du Royaume-Uni, on monte à 8 milliards et demi de livres sterling (près de 11 milliards d’euros) soit 1% du PIB britannique. Mais Londres prend tout en compte dans les marchés parallèles : les revenus de la drogue et de la prostitution. C’est ce qu'Eurostat voudrait obtenir de la France mais, pour l'instant, Paris refuse d’inclure les chiffres de la prostitution dans le calcul du PIB au motif que le caractère librement consenti n’est pas vérifié chez les prostituées, notamment dans le cas de l’organisation en réseau. On sait pourtant calculer les revenus de la prostitution : nombre de péripatéticiennes, nombre de clients, tarif moyen de la passe, achat des préservatifs. Tout cela est très sérieusement étudié, notamment aux Pays-Bas. De mauvaises langues disent que si, en plus de la drogue, la France intégrait les revenus de la prostitution dans le calcul du PIB, cela diminuerait encore un peu plus notre ratio de déficit public vis-à-vis de Bruxelles. Pour l’instant Bercy fait la sourde oreille.
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