Barroso : "L'Europe n'est pas le problème, l'Europe est une partie de la solution"
La réussite de l'Allemagne à la coupe du monde de football doit-elle être vue comme un symbole de la supérioté du modèle germanique ? Non, rapond José Manuel Barroso, président sortant de la Commission européenne :
"Je préfère ne pas avoir un modèle, notamment un modèle national. Je ne crois pas que l'Europe doive se batir sur un modèle national. L'Europe c'est un ensemble. Donc c'est aussi un compromis, une synthèse de différentes contributions. L'Allemagne est la plus grande économie de l'Europe donc elle a un rôle essentiel. Mais ce n'est pas le seul modèle mais pas le seul. Il y a d'autres expériences extrèmement intéressantes. "
Spirale destructrice évitée
Au cours de l'entetien qu'il a accordé à France Info, il a chaudement plaidé pour les institutions européennes et rappelé leur rôle dans la crise qui a failli emporter l'Union dans une spirale destructrice en 2008 :
"La Commission était au centre de la réponse à la crise, parfois avec un travail discret. Notre but, ce n'est pas de faire de la gesticulation politique mais d'aider les Etats-membres à trouver des solutions ensemble. Les gens rendent responsable l'Europe de problèmes qui existent surtout au niveau national. Moi et ma Commission, nous étions toujours parmi ceux qui voulaient donner une réponse plus forte à la crise. Mais parfois, on n'a pas voulu nous suivre. En tout cas, je peux être fier car nous avons évité ce qui était une catastrophe avec la crise : la désintégration de l'euro. "
Xénophobie
Pour lui, la montée de l'euroscepticisme, qui s'est traduite en France par l'élection de 24 eurodéputés FN, opposés aux institutions dans lesquelles ils siègent, est due à plusieurs facteurs. La crise en premier lieu, qui favorise la montée de la xénophobie : "Lorsqu'il y a du chômage, les gens se tournent parfois contre les étrangers. " Il appelle dès lors les partis qui se disent pro-européens, "du centre droit et du centre gauche ", à "gagner le débat démocratique. "
José Manuel Barroso regrette également que les gouvernement et les politiciens nationaux se défaussent sur les institutions européennes pour éviter de faire face aux conséquences de décisions nationales :
"On ne peut pas rendre responsables les institutions européennes pour des erreurs qui ont été commises soit au niveau des marchés, ce sont eux qui, sous supervisions nationales à l'époque, ont lancé beaucoup de nos pays dans la crise; ou alors les dettes souveraines qui ont été cumulées par des gouvernements qui n'ont pas montré la responsabilité budgétaire. L'Europe a donné la réponse à la crise. Ce n'est pas l'Europe qui a provoqué la crise. L'Europe n'est pas le problème, l'Europe est une partie de la solution. "
Indépendance
Il faut, dit-il encore qu'il "y ait une véritable appropriation. Il faut que les gouvernement et les politiciens au niveau national cessent de parler de l'Europe comme d'une puissance étrangère. " Et il insiste sur le fait que ce n'est pas la Commission européenne qui impose des décisions à Bruxelles. Elle propose et ensuite, ce sont les gouvernements qui décident. Mais l'indépendance de la Commission provoque parfois les tensions qui se sont étalées dans l'actualité sous ses mandats, que ce soit avec les gouvernements de Nicolas Sarkozy ou ceux de François Hollande : "La Commission européenne, en tant qu'institution, n'est pas là pour servir un parti ou une partie du spectre politique. La Commission est une institution indépendante, il faut comprendre qu'entre 27 ou 28 pays maintenant, nous avons besoin d'une institution indépendante pour représenter l'intérêt général européen, qui ne coincide pas nécessairement avec l'intérêt ou la perception de l'intérêt d'un parti spécifique. " " La Commission a des gens de droite, de gauche et du centre. C'est une grande coalition. "
Moscovici commissaire européen ?
Et cette indépendance, il tient à la défendre y compris dans ses derniers mois de mandat - il reste en poste jusqu'à la fin octobre - et pour le compte de son successeur, Jean-Claude Juncker, en refusant de donner son pronostic sur les chances de Pierre Moscovici comme commissaire européen. Les gouvernements désignent leur commissaire, ensuite, le président de la Commission accepte ou non. C'est la procédure, rappelle-t-il.
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