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Marine le Pen veut virer en tête aux européennes

Le plan d'économies présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres ne peut que favoriser le vote anti-européen.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (©)

 La présidente du Front national a sans doute pris un risque en annonçant hier qu'elle serait en tête
des élections européennes, lors de la présentation de ses listes perturbée par
une manifestation des Femen. Mais les Français assimilent les 50 milliards à un
plan d'austérité dicté par Bruxelles.

Les électeurs qui iront
glisser un bulletin FN dans l'urne, mais aussi Front de Gauche, à l'autre bout
de l'échiquier politique, voudront une fois de plus sanctionner le
gouvernement.

Cela fait de longs mois que
Marine le Pen fait de ce scrutin le marchepied de sa route vers la
présidentielle de 2017. Les municipales n'étaient, de son point de vue, qu'un apéritif
réussi.

Les sondages ont plutôt
tendance à placer l'UMP en tête, mais l'institut IFOP, dans son baromètre que
publie Paris Match sur son site, donne
le FN, avec 23%, à un demi-point juste DEVANT l'UMP, le PS à 19%, l'UDI à 10,
le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon à 8 et demi et les Verts à 8. Tout
cela va bouger d'ici au 25 mai.

Marine le Pen veut surfer sur l'euroscepticisme.

Avec des thèmes chocs qui
font de l'Union la source supposée de bon nombre de nos ennuis du quotidien :
les prix qui ont explosé depuis le passage à l'Euro, les délocalisations, les
travailleurs déplacés, la multiplication des camps de Roms, des normes trop
contraignantes pour les industriels, agriculteurs, commerçants et artisans. Et
comme à l'extrême gauche, le FN dénonce le traité de libre-échange
transatlantique, cheval de Troie des Etats-Unis. Le portrait anxiogène d'une
Europe repoussoir.

L'abstention risque justement d'être forte.

Estimée à plus de 60%. Elle
peut handicaper le FN comme n'importe quel autre formation. Par définition, un
eurosceptique ne va pas voter pour les Européennes. Frédéric Dabi, directeur du
département Opinion de l'IFOP, précise que le désaccord avec l'Europe pèse 52%,
et le soutien 15% seulement. 33% ne se prononcent pas. Le désamour est total. Le
plan d'économies ne va pas réconcilier l'opinion avec l'idéal européen.

Marine le Pen vise la constitution d'un groupe à
Strasbourg.

Il faut être 25, issus de 7
pays, et le FN est assuré d'envoyer entre quinze et vingt députés au Parlement
européen. La patronne du FN, qui réfute l'appellation d'extrême-droite, va
pourtant s'allier avec le Parti de la Liberté néerlandais, dont le chef Geert
Wilders a répété vouloir "moins de Marocains" dans son pays.

Marine le Pen se fixe un objectif
élevé en visant la première marche aux Européennes, mais elle dit vouloir
provoquer un choc. Même si une seconde place consacrerait la fin de la
bipolarisation de la vie politique française, entre UMP et PS, et installant de
façon durable un tripartisme dont le dénouement se jouera en 2017.

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