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Le remaniement, c'est lui!

Tout le monde s'étonne après la reconduction, en plus restreint, d'un gouvernement quasi à l'identique mais la nouveauté, la seule à deux exceptions près, est à Matignon.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Une expression vient à
l'esprit : "Tout ça pour ça". Un chômage de masse, un
gouvernement à bout de souffle, une débâcle majeure aux municipales, un
président qui dit avoir entendu le message : et quelle est la réponse au
bout du compte ?

Un nouveau gouvernement
resserré, enfin pour l'instant, parce qu'il faut attendre la dizaine de
secrétaires d'Etat, mais pour retrouver les mêmes têtes : 14 ministres sur
16, à deux exceptions près, cela a été dit mille fois, Ségolène Royal et
François Rebsamen. Et au final, zéro surprise, pas d'Anne Lauvergeon ni de
Louis Gallois, pas de nouvelle ligne politique, où est donc la réponse au vote
sanction des Français de dimanche dernier ?

Elle est devant vous.

Sous
votre nez, c'était tout simplement... Manuel Valls ! Comme le disait hier soir un chef
de la majorité recemment reçu par François Hollande, "ce gouvernement, c'est le
même en concentré, avec, en plus, de nouvelles piles dedans : c'est Valls
".
Pour ce visiteur de l'Elysée, il fallait que le président change Ayrault. C'est
tout.

Ce qui a été reproché au
gouvernement précédent, c'était de ne pas avoir de pros. D'où la réticence à
faire rentrer de nouveaux visages. Maintenant tout reste à faire : mais
avec les mêmes idées, la même boite à outils de François Hollande, son même pacte
de responsabilité, mis en avant hier soir, sur TF1 comme seule réponse au
psychodrame national, par le nouveau Premier ministre qui a revendiqué être
"un homme de gauche ", et a affirmé "qu'il fallait agir
vite".

Manuel Valls - même s'il lui
a rendu hommage - a étrillé en creux l'action de son prédécesseur Jean-Marc
Ayrault : "C'est important, l'entraineur, il faut redonner de l'énergie, il n'y a
qu'un mot pour obtenir des résultats : efficacité"
. Les Français auraient donc
sanctionné un gouvernement qui en manquait furieusement.

Son action va passer par les parlementaires.

Manuel Valls l'a bien
compris, lui qui a reçu Claude Bartolone un quart d'heure seulement après le
départ de Jean-Marc Ayrault. Il va lui falloir consulter sa majorité avant
chaque texte important. 22 mois de gouvernance et une raclée électorale plus
tard, il n'est plus possible de raconter aux députés : "C'est un
engagement du président de la République, point à la ligne
". La nouvelle
règle du jeu est qu'il va falloir au nouvel homme de Matignon composer y
compris avec l'aile gauche. Voire s'adresser si nécessaire à l'opposition. Ce
serait après tout conforme à l'esprit de la réforme constitutionnelle du 21 juillet
2008, voulue par Nicolas Sarkozy, qui donne des pouvoirs accrus au Parlement en
matière législative et de contrôle, jamais vraiment appliquée.

Le 2ème round est pour mardi.

Le Premier ministre va préparer
son discours d'investiture, premier acte majeur de sa nouvelle vie. "Nous sommes tous
hollandais
", a risqué Manuel Valls hier soir. Il ne croit pas si bien
dire : dans ce gouvernement, il est cerné. Le président lui a mis un
porte-parole hollandais, un ministre des finances hollandais, un ministre du
travail hollandais, un ministre de l'intérieur hollandisé, et Ségolène au milieu
de tout ça. Manuel Valls va devoir utiliser
toute son énergie et tabler sur son propre jeu de jambes, s'il ne veut pas peine
être rapidement " Ayraultisé"...

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