Aux socialistes qui ont perdu la mémoire, un communiqué duPS daté d'octobre 2010. Il évoque la réforme des retraites de Nicolas Sarkozyqui impose alors au Sénat sa volonté. "Le vote bloqué déshonore etdiscrédite le gouvernement et le Président" peut-on lire dans cecommuniqué. Il est signé Martine Aubry, alors première secrétaire.Samedi soir, le gouvernement socialiste a usé de la mêmetechnique pour faire adopter son texte sur la sécurisation de l'emploi. Cela adéclenché la fureur d'une partie de la gauche qui avait préparé arguments etamendements. La sénatrice PS, Marie-Noëlle Lienemann, tente, pour sa part, derafraîchir la mémoire de ses camarades :"Faut pas donner qu'il y ait un discours différentquand on est dans l'opposition et quand on est au pouvoir."Les rapports entre l'Elysée et les députés et sénateurs necessent de se tendre. Ils deviennent même très compliqués. Certes, la majorité tientencore le choc. Cela dit, cette accélération soudaine du débat intervient dansune période délicate pour François Hollande et cela crée de l'interrogation surses capacités à fixer une ligne claire. Ajoutons à cela la crise économique etmorale et une cote de popularité au plus bas. La communiste Eliane Assassi yvoit donc un signe de faiblesse politique :"Ses choix politiques ne répondent pas aux besoins decelles et ceux qui ont fait le choix d'élire un candidat de gauche."La droite, elle aussi, critique les pratiques parlementairesactuelles. Elle aussi perd la mémoire car Nicolas Sarkozy n'a pas hésité àutiliser le vote bloqué, le temps programmé et la procédure accélérée. Bref,tout ceci parce qu'un Président veut marquer les esprits et rester dansl'Histoire comme un grand réformateur. Cela aurait pu fonctionner avec FrançoisHollande, mais l'écologiste Jean-Vincent Placé, son allié, estime qu'il estpeut-être déjà trop tard :"Ou bout de 9 mois, on veut tout accélérer ce qui donneune image déplorable."L'Elysée et Matignon nient donc toute marche forcée. Ledébat, sur le mariage gay ou la flexisécurité, il a pourtant lieu depuis desmois, entre partenaires sociaux, dans les médias et au Parlement affirmel'exécutif. Le Parlement est respecté ajoute-t-il et si les débats traînent,c'est parce qu'il y a de l'obstruction. Voilà sa défense ! En gros, ce n'estpas ma faute, c'est la faute du voisin. Le député socialiste Olivier Faure, unproche du chef de l'Etat :"Non, on ne va pas trop vite, on a pris le temps etmaintenant on décide."Toutes ces questions, tous ces doutes seront probablementsoulevés aujourd'hui. Un séminaire de travail réunit les parlementaires PS etle gouvernement. Pas encore la Révolution, mais la colère monte.