Hollande : les paris de l'an II
Il y a un an François Hollande démarrait son quinquennat les lunettes embuées sous une pluie battante. L'autre François président socialiste, François Mitterrand, le commençait une rose à la main... Les premiers bilans des deux chefs d'Etat présentent le même contraste. En 1982, François Mitterrand mangeait son pain blanc avec la liste des fameuses premières réformes : nationalisations, décentralisation, relance de la consommation, réduction du temps de travail etc. Ces airs de "temps des cerises" que l'aile gauche du parti socialiste et le Front de gauche appellent de leurs voeux aujourd'hui.
Le problème, c'est qu'après il y a eu le tournant de la rigueur. Et tout ça s'est fini par la défaite électorale de 1986.
Alors aujourd'hui, puisque la conjoncture l'oblige au "sérieux budgétaire " d'entrée de jeu, François Hollande aimerait que le scénario s'écrive dans l'autre sens : on a commencé par les sacrifices et du coup, pour cet an II du quiquennat; on va pouvoir s'autoriser quelques cerises. C'est ce que semblait dire hier Najat Vallaud-Balkacem, la porte-parole du gouvernement : "Le président de la République a voulu qu'on fasse se rejoindre les deux étapes qu'il avait fixé : une première de redressement et une deuxième de ce qu'il appelle de dépassement. Et c'est pour ça que les priorités qui ont été fixées portent notamment sur la préparation de l'avenir, l'emploi et la jeunesse. C'est une façon de dire qu'on n'est pas que dans du redressement des comptes publics et que nous faisons aussi quelque-chose qui a du souffle. Et que si nous faisons du redressement, c'est aussi pour préparer l'avenir ".
Avec un président à 76% de mécontents selon la dernière enquête de satisfaction, l'urgence c'était surtout de lâcher du lest et donner au moins un peu d'espoir. Du coup au lieu de 2-3 ans prévu pour entrer dans la phase de "dépassement ", l'Elysée en promet dès cette année.
Droite et gauche insatisfaites
Ce n'est pas cette prudente accélération qui va radoucir les critiques acides du Front de gauche. Et même l'aile gauche du PS estime que la ligne n'est toujours pas assez clairement à gauche, comme la sénatrice et ancienne ministre Marie-Noëlle Lienemann : "Quel est l'objectif principal aujourd'hui en France ? La réduction des déficits publics à 3% ? Ou est-ce-qu'au contraire on met la pédale douce sur la perspective des 3%. On étale dans la longue durée la restauration des comptes publics en ayant une vraie politique de redressement de la croissance et de l'appareil productif français. A faire semblant de tenir les deux, on n'y arrive pas. L'an II du chagement , ça serait bien sic'était l'occasion d'avoir un vrai plan de relance de la croissance et de réaffirmer la croissance et l'emploi d'abord, les déficits publics ensuite ".
Alors si le Candide de Voltaire était parmis nous, il pourrait se dire que si la gauche n'est pas satisfaite, au moins la droite doit l'être. Dépassé tout ça... Car le patron de l'UMP, Jean-François Copé estime que le bilan de François Hollande est, et restera, dans l'incantation : "Les autres pays ont pris déjà des décisions fortes pour lutter contre la crise et avec des résultats. je pense en particulier à l'Allemagne. La france est le seul pays qui depuis un an a stoppé toutes les réformes courageuses. Ne nous mentons pas, il n'y a pas de raison que ça aille mieux simplement en claquant des doigts ".
Et ce qui ne va pas mieux, c'est surtout la situation économique. Pour tenir son idée d'un enchaînement efforts-réconfort, le président a besoin de croissance et de ce côté là, l'encéphalogramme de l'an II promet d'être toujours aussi plat.
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