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François Hollande rattrapé par le Mali

Le chef de l'Etat veut que toute la lumière soit faite sur les meurtres des deux journalistes de RFI survenus au nord du pays. Ce drame survient à un moment particulièrement difficile pour le président de la République.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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L'enquête sur le terrain est
désormais entre les mains de la DGSE et du renseignement militaire, indique le
ministère de la Défense. Le chef de l'Etat, c'était l'objet de la réunion de
crise hier à l'Elysée, veut savoir pourquoi et dans quelles conditions Ghislaine
Dupont et Claude Verlon, deux journalistes fins connaisseurs du continent
africain, réputés pour leur sérieux, ont été tués samedi à Kidal, cette cité
carrefour de tous les djihadistes et bandes armées qui écument le nord du Mali.
Ce double assassinat rappelle à l'opinion publique à quel point la situation
n'est pas stabilisée dans ce pays, même si le chef de l'Etat avait
clamé lorsqu'il s'était rendu à Bamako à la mi-septembre : "Nous
avons gagné cette guerre, nous avons chassé les terroristes, nous avons
sécurisé le Nord"
.

Une réalité militaire dont le pire ennemi reste la durée.
François Hollande bénéficie, pour l'instant, à ce sujet d'un consensus de la
part de toute la classe politique.

**Le chef de l'Etat redoute un enlisement au

Mali ?**

C'est pour cela que des
élections, présidentielle puis bientôt législatives, ont été organisées au
pas-de-charge, dans un pays où "il est possible de réinstaller la
démocratie, mais plus difficile de la stabiliser
", explique un soutien du
président. Le chef de l'Etat veut éviter de s'embourber dans ce Mali dont la
libération restait, jusqu'à ce jour, l'une des rares vraies réussites du début
du quinquennat.

**Cette tragédie s'ajoute à la série noire que connaît

le gouvernement**

"Il pleut des mauvaises
nouvelles"
, constatait hier un responsable socialiste, consterné par la
mort des deux journalistes de RFI. Le sondage IFOP paru hier dans le JDD - 9
Français sur 10 aspirent à un changement- est venu conforter François Hollande dans
sa volonté de rebondir : "Il est en train de cogiter depuis deux
semaines
", raconte un proche. Le président consulte en boucle, regarde
tout dans le moindre détail, fonction par fonction, femmes et hommes, leurs
méthodes de travail, leurs modèles, "une sorte d'inventaire avant un
grand ménage d'automne"
. Le tout dans le plus grand secret : il ne
dit rien à personne.

Un remaniement est possible ?

Oui mais attention : changer
les têtes, jusqu'à Matignon s'il le faut, aurait peu d'effet sans électrochoc
politique. La fenêtre de tir souvent évoquée se situe au printemps prochain. La
chute libre du président dans les sondages pourrait toutefois précipiter le
mouvement. "Un remaniement après les municipales serait un aveu d'échec ",
analyse un membre du premier cercle. Bouger dès à présent lui permettrait de
reprendre la main, créer une dynamique, surtout si la courbe du chômage ne
s'inverse pas, au final. Une manière de dire aux Français : je vous ai
compris, ce ne sera plus comme avant, je reprends la main, c'est moi le chef.

Tout est donc possible dans les semaines qui viennent

Tout est ouvert. Le point de
départ de cette longue séquence se situera jeudi, jour du discours sur la
Nation que le président  prononcera à
l'occasion du lancement du centenaire de la guerre 14-18. C'est une évidence à
l'Elysée : que ce soit sur le front économique et social, ou encore dans
le conflit au Mali - et la mort des deux journalistes de RFI est là pour le
rappeler tragiquement - François Hollande est rattrapé par le temps. Et
l'urgence.

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