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Anne-Laure Delatte (CEPII) : "Si la France sortait de l’euro, l’industrie manufacturière y perdrait"

Anne-Laure Delatte, économiste spécialiste de l'euro, était l'invitée de l'interview éco. Elle a analysé une sortie de la monnaie unique, comme le propose la candidate Marine Le Pen.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Anne-Laure Delatte est économiste, directrice adjointe du Centre de recherche et d’expertise sur l’économie mondiale. (RADIO FRANCE)

La sortie de l'euro est l'une des grandes promesses de campagne de Marine Le Pen. Un groupe d'économistes du CEPII (centre d'études prospectives et d'informations internationales), dirigé par Anne-Laure Delatte, a imaginé les conséquences qu'elle aurait sur l'économie française.

Invitée de l'interview éco jeudi 4 mai, l'économiste a estimé qu'il fallait plutôt "trouver des solutions pour que ça marche mieux".

francinfo : La sortie de l'euro permettrait d'améliorer la santé de nos entreprises. C'est l'argument principal de Marine Le Pen. Est-ce vrai ?

Anne-Laure Delatte : On a vérifié. Du côté de la compétitivité, déjà, il y aurait des effets redistributifs. Certains secteurs y gagneraient, d'autres y perdraient. Il est donc absolument mensonger de dire : "Sortons de l’Euro, ça améliorera notre compétitivité". C’est faux. L’industrie manufacturière et les agriculteurs en particulier s’en sortiraient mal. Nous serions plus chers sur une large majorité de nos exportations. 

Pour quel secteur la sortie de l'euro serait-elle bénéfique ?

Le tourisme serait un secteur qui s'en sortirait bien. Les touristes qui viennent le plus visiter la France sont les Allemands et les Européens du nord de l’Europe. Pour eux, un restaurant à Paris ou un hôtel à Toulouse coûterait moins cher.

Et pour les consommateurs français ?

La sortie de l'euro aurait un impact sur l'épargne. C’est-à-dire que pour les gens qui ont de l’épargne, en particulier les retraités, il y aurait une dévalorisation avec une augmentation de l’inflation, et donc une baisse de l’épargne. 

Pour ceux qui ont une assurance-vie, la sortie de l'euro n’est absolument pas une bonne nouvelle.

Anne-Laure Delatte, économiste

à franceinfo

Alors, que faut-il faire ?

Je pense qu’il ne faut pas sortir de l’euro, moins pour des raisons économiques que pour des raisons politiques. Ce ne sera pas, pour autant, la fin du monde. C’est vraiment une décision politique qu’il faut prendre. Je comprends qu’on ne soit pas contents avec l’euro aujourd’hui. L’euro ne respecte pas le contrat social de départ, celui qui disait qu’on serait plus forts ensemble. La crise de l’euro qui nous a touché à partir de 2009 a été réglée par une baisse des salaires, et une hausse de l’impôt. C’est ce qu’on paie aujourd’hui avec la montée du populisme. Je comprends les gens qui veulent le remettre en question. Maintenant je pense que l’on peut réformer l’euro, essayer de trouver des solutions pour que ça marche mieux, et qu’il y ait plus de solutions. Il faut trouver des solutions, mais on en a.


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