"L'Info de l'histoire" : 1889, les cadeaux de Noël de l’Élysée

C’était le 25 décembre 1889. Cécile Carnot, pour la première fois de notre histoire, invite à l’Élysée 400 petits enfants pauvres et méritants des écoles parisiennes. Elle les a conviés à goûter au palais. Tous viennent des 20 arrondissements de la capitale. Il faut se figurer cette image : quarante omnibus traversant le jardin pour déposer devant le perron du palais les enfants, accompagnés des maîtres, des maîtresses et des 20 maires d’arrondissement. Âgés de neuf ou dix ans, ces petits garçons et petites filles sont impressionnés d’être dans la maison du président de la République et se tiennent bien. Ils sont conduits dans un des salons où a été installé un théâtre de marionnettes et dix sapins géants, couverts de jouets.

C’est la première fois qu’une telle manifestation est organisée. Cécile Carnot, la femme du président Sadi Carnot, fervente catholique, a voulu cette manifestation charitable. Soudain, La Marseillaise retentit et la première dame entre et prononce un bref discours : Mes chers enfants, je vous remercie d’avoir répondu à mon appel (…) J'aurai le plaisir tout à l'heure de remettre à chacun de vous des objets qui vous seront personnels et qui seront bien à vous ; un livret, un vêtement, un volume, un fusil aux garçons, une poupée aux petites filles ; mais nous devons également penser à ceux qui ne sont pas ici, à vos frères à vos sœurs. Vous trouverez pour eux dans vos paniers, des images, du chocolat et vous partagerez entre eux des petits joujoux qui vous seront donnés en dernier lieu."

La tradition s'est installée

Une poupée et un fusil pour les filles et les garçons. Depuis, les jouets ont changé, moins stéréotypés suivant les genres. Mais tous les présidents se sont prêtés à ce rituel en conviant des personnalités susceptibles de passionner les enfants : cirque avec Annie Fratellini, humour avec Les Charlots sous la lointaine présidence de Georges Pompidou, chanteur avec les interprètes de Roméo et Juliette sous Nicolas Sarkozy. Le président Macron a personnellement accompagné le père Noël, en 2017, sous le regard émerveillé des enfants.

En 1889, de père Noël, il n’y en avait point, car la tradition ne s’était pas encore imposée. Les officiers de l’Élysée avaient procédé à la distribution, en toute simplicité. La même simplicité que Cécile Carnot avait eue pour accueillir une petite fille venue seule devant l’Élysée bien qu’elle n’ait pas été sélectionnée par sa maîtresse. Les jouets étaient en assez grand nombre.
Madame Carnot était heureuse de recevoir dans cette salle des fêtes qu’elle avait personnellement fait redécorer au mois de mai 1889. L’Élysée était un peu sa maison, elle y vivait avec son mari en bonne mère de famille. Elle n’imaginait sans doute pas que la cérémonie qu’elle avait initiée se poursuivrait jusqu’à nos jours.