Cet article date de plus de douze ans.

Un an sans huile de palme

Un étudiant de Strasbourg a vécu douze mois sans consommer ce composant végétal très répandu et très nocif.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est un pari. Passer toute une année sans huile de palme. Surveiller les paquets de chips, les sauces, les biscuits, le gel à raser... A Strasbourg, Adrien Gontier s'est obligé, chaque jour, à examiner les étiquettes de tous les produits qu'il consommait. Il l'a fait par intérêt scientifique - il est chercheur en géochimie - et par conviction écologique : l'huile de palme est l'huile végétale la plus consommée dans le monde, et son exploitation détruit la forêt, notamment en Indonésie. Elle menace la biodiversité.

Vous découvrirez cette expérience sur le site Rue89, dans l'article de Marie Marty. Pendant un an, Adrien Gontier a tenu un blog. Il y raconte pas à pas ses courses dans les hypermarchés, et son effort pour décrypter les étiquettes. Il rapporte aussi ses échanges avec les industriels. Il les appelle, il leur écrit, il ne les lâche pas : Je les ai contactés, dit-il, "quand la présence d'huile de palme n'était pas précisée mais qu'on pouvait lire sur l'étiquette "huile végétale", "émulsifiant" (...) Certaines enseignes ont répondu sans problème, comme la Laitière, qui a reconnu en utiliser. D'autres ont refusé de donner cette information sous couvert de "secret industriel" , comme Mennen, Palmolive, ou Colgate. Ce qui m'a agacé, explique-t-il, ce sont les enseignes comme Casino ou Super U, qui communiquent sur leurs produits alimentaires "sans huile de palme" mais ne disent rien sur les produits d'entretien ou cosmétiques".

Adrien Gontier n'a pas toujours réussi à tenir son pari. Sur Rue89, il confie qu'au restaurant, par exemple, il a parfois cédé "devant un plat plein de sauce qu'il n'a pas renvoyé en cuisine". Mais son obsession a payé : l'étudiant a réussi à identifier des milliers de produits où l'huile de palme est présente. Aujourd'hui, il plaide pour la transparence : "Souvent les gens voudraient faire bien, dit-il, mais on ne leur en donne pas les moyens". La solution, selon lui, consiste d'abord à bien lire les étiquettes, puis à solliciter sans arrêt les fabricants, à leur laisser des messages : "le jour où leurs boîtes seront saturées, explique-t-il, ils décideront peut-être de jouer la transparence".

L'expérience d'Adrien Gontier est maintenant terminée. Le chercheur a repris une vie normale. Mais il raconte que cette année sans huile de palme l'a transformé. Il n'est plus un consommateur passif.

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