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PS : un de perdu...

On pensait que le congrès de Poitiers avait réglé les problèmes, aplani les différends et calmé le jeu entre les frondeurs et la majorité du groupe socialiste à l'Assemblée. Ce n'est visiblement pas le cas, mais alors pas du tout en fait...
Article rédigé par Julien Langlet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
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On savait que ce congrès n'avait pas servi à grand-chose mais à ce point... Le linge sale ne se lave plus du tout en famille mais sur la place publique et des comptes se sont réglés mercredi sur les comptes Twitter de députés comme celui du frondeur d'Indre-et-Loire Laurent Baumel qui mercredi en début d'après-midi a interpellé Bruno Le Roux qui dans un entretien à Paris Match affirmait ne pas sentir de rejet sur le terrain à l'égard du chef de l'Etat et de l'exécutif. "Bruno vivons-nous dans le même monde ? " lui demande ainsi le frondeur. "Oui , répond le patron des socialistes à l'Assemblée, des doutes, du scepticisme mais pas de rejet, essaie de soutenir, tu verras ", tacle pour finir Bruno Le Roux.Il y en a un, en tous cas, qui a décidé de ne plus rien soutenir du tout et qui a fait ses valises. Un député du Morbihan frondeur sorti de l'anonymat l'espace de quelques heures, c'est Philippe Noguès : "J'étais très fier en 2012, j'ai été de moins en moins fier. Je suis passé par le désenchantement, voire un certain sentiment de honte de n'avoir pas tiré la sonnette d'alarme plus tôt. Je ne me sens plus du tout dans ma maison à l'intérieur du Parti socialiste ". Il a donc repris sa liberté mais pas totalement car il n'a pas démissionné, sûr d'être soutenu dans sa démarche par la majorité des électeurs qui lui avaient fait confiance en juin 2012.

Bruno Le Roux n'a pas forcément bonne presse chez les députés PS

Une démarche que soutient aussi Bruno Le Roux mais pas pour les mêmes raisons : "Il n'accepte pas aujourd'hui d'être minoritaire, que le combat politique ait été tranché. Quand on ne se sent pas bien, c'est une décision courageuse de dire "Je m'en vais". C'est beaucoup plus clair comme ça. on a besoin d'une majorité pour avancer. Ceux qui ne veulent pas avancer doivent en tirer les conclusions ". Une majorité qui a tout de même un peu fondue passant d'absolue à relative, de 297 élus PS en début de mandature à 287 aujourd'hui.

Le patron du groupe PS à l'Assemblée n'a pas forcément bonne presse chez les députés. Beaucoup à gauche l'accuse d'être en grande partie responsable de l'ascension des frondeurs. A force de les maltraiter, mépriser, il les a coalisés. D'autres dans le camp majoritaire pointent plutôt du doigt les médias accusés de faire preuve de trop de mansuétude à leur égard. Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis lui n'arrive pas à faire la police malgré les pressions de l'exécutif et de Manuel Valls dans le viseur des frondeurs. Ils jurent pourtant ne pas en faire une affaire personnelle, difficile à croire en écoutant Pascal Cherki le député de Paris : "Je n'ai aucun problème de personne, s'il change d'orientation... Il a une forme d'illumination politique, il est persuadé qu'il a raison ". Eh bien avec des amis comme ça on a pas besoin d'ennemis...

François Hollande reste malgré tout relativement épargné par les critiques

Les critiques se cristallisent sur le Premier ministre. C'est un moyen de se démarquer sans toucher le cœur nucléaire sans insulter l'avenir. Un avenir qui ne passe pas forcément par une scission, la création d'une nouvelle formation à gauche ou encore d'un nouveau groupe à l'Assemblée comme le démissionnaire Philippe Noguès en rêve car la stratégie des frondeurs a toujours été et reste celle de peser de l'intérieur. D'autres départs ne sont pourtant pas à exclure et d'ailleurs Bruno Le Roux ne serait pas contre. Il affichait hier soir un certain soulagement, une certaine joie après le départ du breton frondeur.

"Bruno Le Roux a toujours aimé faire le vide " a lancé Christian Paul, frondeur en chef, sur le réseau social Twitter mercredi encore avant d'ajouter en guise de preuve que dans la circonscription de Bruno Le Roux "il n'y avait plus une seule commune socialiste ". "L'avenir nous réunira ", a t-il conclu en soutien à Philippe Noguès. Bruno Le Roux qui a décidé de ne plus rien laisser passer lui a répondu : "Christian Paul voit partir les siens après le congrès et cherche des excuses à son absence de perspective et le vide de la fronde ", avant de signer avec le hashtag #pathétique.

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