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Nicolas Sarkozy : une métaphore à tort ?

En comparant hier soir dans le Val d'Oise lors d'une réunion publique l'afflux de migrants en Europe à une grosse fuite d'eau, le président des Républicains a provoqué l'ire de la gauche et parfois dans son propre camp un certain embarras. Mais une chose est sûre, l'ancien chef de l'Etat se place au centre du débat.
Article rédigé par Julien Langlet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
Franceinfo (Franceinfo)

Une polémique qui a très vite atteint le sommet de l'Etat, le sommet de l'Etat, rien que ça, pour une métaphore de Nicolas Sarkozy sur l'immigration lancée hier lors d'une réunion publique à l'Isle Adam dans le Val d'Oise, en banlieu parisienne :

"C'est un peu comme une maison dans laquelle vous Habiteriez. Il y a une caznalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive, et vous dit 'j'ai une solution : on va garder la moitié dans la cuisine, on va en mettre un quart dans le salon, l'autre quart dans la chambre des parents"

Experte ès indignation, la gauche a sauté sur l'occasion. "Pédagogie vulgaire" pour Jean-Marie Le Guen, "il a peur de la fuite d'eau de ses électeurs vers le FN", a ironisé le premier secrétaire du PS. Et une semaine après son voyage à Berlin pour la finale de la ligue des champions, Manuel Valls, au milieu des avions du salon du Bourget, n'a pas hésité non plus à lui faire la leçon.

"Tous les responsables politiques doivent dans l'attitude comme dans le langage, être au niveau. Nous devons les uns et les autres, moi le premier évidemment, exemplaires dans les mots que nous utilisons et en faisant en sortre que l'on ne divise pas"

L'assaut final est venu de Bratislava ou le chef de l'Etat est en visite officielle...François Hollande a réagi à cette métaphore de Nicolas Sarkozy.

"Quand il s'agit de personnes d'êtres humains, quand il y a des sujets aussi graves, je crois que ça vaut pour tout, le monde, il faut les aborder et les évoquer avec gravité et donc avec maîtrise" 

Autant d'écho pour quelques mots prononcés à l'Isle Adam dans le Val d'Oise. Si l'objectif c'était d'exister, de faire parler, l'inventeur de cette formule a donné là un bon tuyau à Nicolas Sarkozy.

Qu'en dit on chez les Républicains ?

Ca n'a pas plombé l'ambiance chez les Républicains même si, le temps peut-être de recevoir quelques éléments de langage, la défense ne s'est pas précipitée à la barre dès potron-minet. Il a plutôt fallu attendre la fin de matinée pour entendre parfois quelques justifications alambiquées pour évoquer cette image utilisée par Nicolas Sarkozy. Certains comme Sébastien Huygues ont un peu sorti les rames comme on dit.

"Je rappelle qu'il y a une expression courante qui s'appelle 'l'ouverture des vannes de l'immigration', donc je n vois pas ce qu'il y a de choquant là-dedans". 

A part cette défense timide, le silence était plutôt poli à droite, plus critique au centre où Yves Jégo ancien ministre de Nicolas Sarkozy a appelé ce dernier a élever le débat, "ce n'est pas du niveau de l'ancien chef de l'Etat qu'il est", se désole à mots couverts plusieurs élu des Républicains.

Cela participe pourtant d'une stratégie bien reflechie

C'est vrai, même si cela ne plaît pas à tout le monde à droite, cette sortie de Nicolas Sarokzy intervient quelques jours après une offensive médiatique sur le sujet menée notamment par ses lieutenants, comme Hortefeux ou Ciotti. Et ce n'est pas fini...la patronne des Verts Emmanuelle Cosse le prédit.

'Vu les sorties récurrentes de Nicolas Sarkozy actuellement, je crains que nous soyons obligés de le rappeler à l'ordre assez régulièrement. Donc au-delà de ces bons mots ,il faut surtout le combattre politiquement"

Emmanuelle Cosse ne croit pas si bien dire. Dans Le Point de cette semaine, Nicolas Sarkozy assume sa stratégie. Le magazine cite l'ancien chef de l'Etat : "pour gagner il faut dire aux Français ce qu'ils désirent entendre, je vais gagner, je mets les mains dans le cambouis.Dites vous que toutes mes erreurs sont très reflechies".

Pas sûr que le niveau du débat politique en sorte une nouvelle fois grandi.

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