Et Manuel Valls n'entend pas se plier à ces accusations. "L'ordrea changé de camp !", lance le ministre de l'Intérieur à l'Assemblée.Pas question de modifier sa posture, celle d'un ministre quin'hésite pas à revendiquer sa fermeté. Car cette posture, elle constitue la force de Manuel Valls.Il est celui qui dément la réputation laxiste de la gauche. Il est celui quiprive la droite d'un argument extrêmement porteur. La faiblesse de lagauche, en matière de sécurité, c'est une vieille rengaine dans la vie politiquefrançaise. Lionel Jospin n'est jamais parvenu à se défaire de cetteétiquette, héritée des années 70, malgré un discours affirmé sur le droit à lasécurité. Les débordements filmés hier soir constituent donc uneaubaine pour la droite.C'est l'occasion demontrer que la gauche n'est pas crédible sur ce dossier de l'insécurité. Car si Manuel Valls n'est plus crédible, plus personne ne l'està gauche. D'où la virulence des attaques de la droite, qui saute sur l'occasionà l'arme lourde : Manuel Valls doit démissionner. Il est accusé de ne pas avoir su superviser la fête organiséepour le PSG, en qualité de ministre de l'Intérieur. Soit il a mal anticipé ces actions violentes, soit il a malréagi. Et quand Manuel Valls n'est pas directement visé, c'est lepréfet de police qu'il a nommé, Bernard Boucault, qui est dans la ligne de mire.Et toute la droite,dans son ensemble, s'en donne à cœur joie.La géographie politique de ces réactions est assezrévélatrice d'ailleurs. Il y a d'abord le groupe des Parisiens, Nathalie Kosciusko-Morizet en tête. Candidate à l'investitureUMP pour les prochaines municipales, l'ancienne ministre veut illustrer sonimplication sur ce sujet auquel aucun Parisien ne peut se montrer indifférent. Claude Goasguen, maire de l'arrondissement concerné, sesitue dans le même registre. Cependant, il est moins soucieux de consensus quecelle qui brigue une mairie de gauche. Le député du 16ème arrondissementattaque Manuel Valls sur son bilan : "l'insécurité augmente ! "accuse Claude Goasguen. Xavier Bertrand, qui se sent une carrure de présidentiable, monteencore d'un cran : "Manuel Valls est incapable d'assurer la sécuritédes Français ." A la droite de l'UMP, Guillaume Peltier s'insurge contre les"dérives communautaristes ". Ce représentant de la Droite Forte veutinterdire les drapeaux étrangers dans les manifestations publiques.Du coté desprétendants déclarés à l'Elysée, le propos est moins agressif. Jean-François Copé réclame la démission du préfet, dans unpremier temps, puis à défaut, celle du ministre. Encore plus républicain, François Fillon en appelle à FrançoisHollande pour qu'il sanctionne ce fiasco. Mais l'ancien Premier ministre segarde de livrer des noms. Quant au centriste Jean-Louis Borloo, il élude. Ce sont lescasseurs le sujet, selon lui. Il regrette simplement que les autorités aientcédé au Club.Au bout du compte, ManuelValls semble quand même fragilisé par ces incidents.Le ministre de l'Intérieur est sur la défensive. Car même au PS, cette affaire apparait peu exemplaire. Leprésident du groupe socialiste au Sénat, spécialiste des questions de sécurité,François Rebsamen remarque benoitement qu'il aurait mieux valu organiser la fêteau Parc des Princes. Si Manuel Valls veut positiver ses incidents, sur le plan politique,il peut se dire qu'avec cette victoire du PSG, il a pu compter ses amis, et sesennemis.