La semaine dernière déjà, MarineLe Pen le disait haut et fort, la présidente du Front National vise la premièreplace pour son parti aux européennes. Aujourd'hui, le Front de gaucheorganise un séminaire à Paris avec des représentants du parti allemand DieLinke. Le communiste Pierre Laurent explique son objectif : construire unenouvelle union européenne, sans pour autant sortir de l'euro. La politique européenne, tellequ'elle est menée actuellement, n'est "plus supportable" par lespeuples européens, explique le numéro un communiste, pour lequel il fautorganiser une alternative à gauche.Les socialistes français s'adonnant à unesocial démocratie à l'allemande qu'il condamne.Pour ces partis, qu'ils soient de droite ou de gauche, l'Europe estdevenue un repoussoir.Et c'est bien ce qui devraitpréoccuper les europhiles, c'est-à-dire ceux qui depuis longtemps défendent l'idéaleuropéen. Pendant de longues années, lesadversaires de l'UE lui préféraient un idéal nationaliste. L'Europe représentaitune entité dangereuse, dirigée par une technocratie vorace, qui allait absorber la souveraineté nationale. Ils étaient décrits comme des souverainistes. La crise a modifié leur argumentaire.Les eurosceptiques n'osaient pas renier l'idée européenne toute entière, ilsrefusaient simplement une certaine évolutionde cet idéal. Aujourd'hui, Marine Le Pen n'hésitepas à le dire : elle " devient europhobe ".Les Front de gauche n'hésitepas non plus à dénoncer une Europe que les peuples "ne supportent plus". De la Grèce à l'Espagne, l'Europeest devenue un repoussoir, un adversaire.Et les élections européennesrisquent bien de se transformer en vaste référendum pour ou contre l'UnionEuropéenne.Et les europhiles alors ? où sont-ils passés ?Ils semblent beaucoup moinsimpatients de plonger dans cette campagne. L'UMP est absorbée par d'autresenjeux, plus internes, ou parisiens. Les écologistes se préoccupentplus des municipales, qui précèdent, il est vrai, le scrutin européen.Quant aux socialistes, c'est FrançoisHollande qui donne le ton. Depuis que le candidat a promisde ré-réorienter l'union européenne, le président s'efforce de composer avecune Allemagne que son pacte de relance ne convainc pas. Les socialistes comptaient surl'éventualité d'une alternance en Allemagne, pour fléchir la chancelière, maisla popularité d'Angela Merkel est solide. François Hollande a doncrecours à une stratégie plus longue, un effort de persuasion obstiné, qui neportera pas forcément ses fruits avant les élections de juin 2014.Pourtant, le président françaisn'hésite pas à brandir la menace des progrès des extrêmes dans toutes l'Europe,pour tenter de passer de l'austérité à la rigueur. Pour l'instant, l'austéritérésiste.Nous sommes à un an et demi desélections européennes.