La France est en train de se bétonner àvitesse grand V. Cesont deux chiffres auxquels on n'a pas vraiment porté attention lors de laconférence environnementale qui s'est tenue cette semaine (1). Deux chiffresqui font pourtant froid dans le dos. Enl'espace de 4 ans, de 2006 à 2010, la part des sols dits "artificialisés", c'est-à-dire en bon français bétonnés, aaugmenté de 6% alors que, dans le même temps, la population, elle, neprogressait que de 2,3 %.Biensûr, dit comme cela, cela reste froid, arithmétique. Alors traduisons. Imaginezun jardin de 1000 mètres carrés _ ce qui est déjà assez grand pour un jardin.Et bien, pendant ces 4 petites années, la France a remplacé par du béton l'équivalentde 3 millions 147 000 jardins de 1000 m²! C'est-à-dire l'équivalent d'undépartement comme le Rhône. C'est énorme !Oh,bien sûr, ce ne sont pas seulement des jardins qui ont disparu : ce sontdes terres agricoles, des forêts, des prairies... Et ce béton n'a pas été coulépar d'horribles ennemis de la nature. C'est nous qui avons construit collectivementdes lotissements, des routes, des centres commerciaux, des écoles, des lignes àgrande vitesse, des zones industrielles, etc. Autant d'équipements tout à faitutiles, en soi.Où est le problème, me direz-vous ? Et bien, dans les deux chiffres que jecitais tout à l'heure et que je vais répéter. Entre 2006 et 2010, la populationn'a augmenté que de 2,3 %, mais la bétonisation des sols a augmenté de 6%.Etc'est cette disproportion entre les deux rythmes qui est dramatique. Car sil'on n'avait détruit " que " (entre guillemets) 2,3% de nature, aprèstout, ce serait dans l'ordre des choses. Mais pas du tout : nous sommesallés beaucoup plus loin. Trop loin. A ce rythme, l'ensemble du territoiremétropolitain serait bétonné d'ici à six siècles. Ce qui est évidemment uneperspective effrayanteAlorsque faire ? Et bien, il est clair que nous allons devoir changer certainesde nos habitudes. On ne peut plus construire nos logements et nos zonescommerciales toujours plus loin, dans la campagne. Il faut désormais le plussouvent possible utiliser les " creux " qui existent dans la villeexistante : des friches industrielles, par exemple, ou d'anciens terrains libéréspar l'armée, comme le font déjà certains maires. Cela s'appelle lutter contrel'étalement urbain, ce phénomène insidieux qui voit la population s'éloignerdes centres-villes et qui entraîne non seulement la destruction des espacesnaturels, mais aussi la multiplication des trajets domicile-travail en voiture,avec son cortège d'embouteillage, de pollution, de temps perdu, d'accidentsparfois.Cesera l'un des grands enjeux de la décennie à venir.(1)Rapport pour la conférence environnementale de septembre 2012. Les indicateursde résultats.