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Les reporters de guerre sont-ils devenus des cibles ?

Mercredi, les journalistes Marie Colvin et Rémy Ochlik sont morts dans un bombardement à Homs, en Syrie. Ont-ils été délibérément visés ? Les opposants syriens l'affirment. "Les reporters sont de plus en plus pris pour cibles" témoigne Jean-Paul Mari, grand reporter pour le Nouvel Observateur.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Franceinfo (Franceinfo)

Quelques semaines après Gilles Jacquier, deux autres reporters sont donc morts sous les obus à Homs : le Français Rémy Ochlik et l'Américaine Marie Colvin. D'autres ont été blessés, notamment la journaliste du Figaro Edith Bouvier. Une question se pose : ont-ils été délibérément visés ? Certes, c'est la ville de Homs toute entière qui souffre sous les bombes, mais l'Observatoire syrien des droits de l'Homme dit avoir la certitude que le centre de presse était une cible. Les autorités françaises ont d'ailleurs adopté un ton très sévère : il s'agit d'un "assassinat" a affirmé Nicolas Sarkozy.

La mort de Gilles Jacquier, elle aussi, avait sa part d'ombre. Il y a quelques mois, des journalistes avaient été tués, d'autres agressés, sur la place Tahrir, en Egypte. Le reporter, témoin neutre, serait-il en train de devenir un ennemi ? " Les conflits ne sont plus armée contre armée" témoigne Jean-Paul Mari qui parcourt depuis 1985 les zones de conflits du globe. "Il y a des milices, des groupes islamistes, des no man's land. Rien de plus dangereux pour les journalistes."

Le grand reporter du Nouvel Observateur estime également que les reporters qui partent en zone de conflit sont moins bien préparés qu'auparavant. "Le printemps arabe s'est passé dans des pays proches de la France, il était facile pour des jeunes reporters débutants de prendre un billet et de venir. Ils sont moins expérimentés" note Jean-Paul Mari. Le journaliste, auteur du livre "Sans blessures apparentes " (Editions Robert Laffont) sur les traumatismes psychologiques des reporters de guerre, tempère toutefois : "Les obus tuent les débutants comme les expérimentés, les lâches comme les courageux."

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