Six nations 2024 : le XV de France doit "tourner la page" et évacuer "le traumatisme" de la Coupe du monde, selon Matthieu Lartot

Coup d’envoi pour le XV de France, vendredi, du Tournoi des Six Nations. Le journaliste sportif, spécialiste du rugby, va couvrir la compétition sur France Télévisions jusqu’au 16 mars.
Article rédigé par franceinfo
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Matthieu Lartot, journaliste de France TV, le 30 août 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Matthieu Lartot, journaliste sportif de France Télévisions spécialiste de rugby, est actuellement à Marseille où la France affronte l'Irlande, vendredi 2 février à 21h00 en match d’ouverture du Tournoi des six Nations. Il revient sur les enjeux de ce premier match contre l’Irlande, sur la diffusion du Tournoi féminin des six Nations fin mars et n'oublie pas de remercier toutes celles et ceux qui l’ont soutenu lors de la récidive d’un cancer du genou.  
 
franceinfo : C'est vous qui allez commenter les matchs de ce tournoi pour les téléspectateurs de France 2 jusqu'au 16 mars. D'habitude, le Tournoi des six Nations se déroule au Stade de France, pourquoi c'est à Marseille cette année ? 

Matthieu Lartot : Vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes dans une grande année olympique pour Paris et que le Stade de France a besoin de quelques petits ajustements dans la perspective de ses Jeux et donc il ne se passera plus rien au Stade de France d'ici les Jeux olympiques. L'équipe de France de rugby est obligée de se délocaliser. Ce n'est pas plus mal, cela va permettre à la province, à certains endroits de réceptionner la France qui est une rareté dans le cadre du Tournoi des Six Nations. C'est la première sortie du XV de France depuis sa défaite en quart de finale de la Coupe du Monde.

L'idée, c'est justement de voir si tout ça est digéré ? 

L'idée, c'est d'évacuer effectivement une forme de traumatisme parce que ça a été vécu comme tel par les supporters, mais aussi par les joueurs, au premier rang desquels le capitaine Grégory Alldritt. Il l'a répété toute la semaine, il faut tourner la page, il faut évacuer, faut repartir sur de nouvelles bases et lancer ce deuxième mandat de Fabien Galthié du mieux possible. C'est un match où il y a beaucoup, beaucoup d'enjeux. 

Vous êtes très proche du sélectionneur, Fabien Galthié, alors est-ce que vous arrivez à rester objectif quand vous commentez les matchs des Bleus ? 

Oui, mais vous le savez, Fabien me connaît par cœur. On a commenté ensemble pendant plus de 14 ans, il sait pertinemment le professionnel que je suis et il connaît mon tempérament. Moi, j'ai plutôt tendance à être très exigeant avec les gens que j'aime donc je ne lui fais pas de cadeau !

Il y a une innovation que France TV met en place pour ce tournoi. Les commentaires des arbitres seront traduits en direct sous forme de sous-titres. C'est une avancée importante pour les téléspectateurs ? À quoi ça sert de savoir tout ce que disent les arbitres ? 

C'est une innovation majeure, en effet. Alors ce sera sur un canal dédié dans un premier temps parce que vous imaginez bien que techniquement, c'est une prouesse de pouvoir retranscrire en temps réel les échanges de l'arbitre avec les joueurs. Mais pas seulement. Ce qui est important, c'est de comprendre ce qui se passe, par exemple sur des vidéos arbitrage, des séquences qui se répètent très souvent dans un match. Pourquoi c'est important ? Parce que le rugby c'est un sport très complexe, avec des règles qui évoluent en permanence, sujettes à interprétation qui plus est, et on le sait bien, nous Français, la défaite face à l'Afrique du Sud a été très mal vécue par rapport à l'arbitrage, par exemple, de Ben O'Keeffe, dont les supporters n'ont pas toujours compris les décisions. Donc là, ça permet d'être complètement transparent sur ce qui peut se passer pendant un match de rugby. Donc effectivement, c'est une expérience qu'on va proposer à nos téléspectateurs. 

France Télévisions sera aussi le diffuseur du Tournoi féminin des Six Nations du 23 mars au 27 avril. Vous ne serez pas aux commentaires alors que vous êtes la voix du rugby. 

Non, je l'ai été. J'ai commenté deux Coupes du monde féminines de rugby. Après, vous vous doutez bien de l'importance que revêt ce tournoi des filles pour nous parce qu'on a été précurseur en la matière. Malheureusement, je ne peux pas tout commenter tout le temps. Et c'est Jean Abeilhou qui le fait de manière excellente depuis de nombreuses années, donc ne vous inquiétez pas, ce sera un moment important à vivre et très sympa.

"Le rugby féminin a désormais sa fenêtre. Les filles ne sont plus soit en lever de rideau, soit en baisser de rideau. Elles ont leur tournoi sur les antennes premium de France Télévisions."

Matthieu Lartot, journaliste à France TV

à franceinfo

Vous n'avez pas caché le cancer qui vous a frappé l'an dernier et qui vous a contraint à vous faire amputer d'une jambe en juin. Vous êtes revenu à l'antenne trois mois plus tard pour couvrir la Coupe du monde. Est-ce que l'accueil que vous avez reçu du public à ce moment-là vous a porté ? 

Oui, mais de manière plus générale, le soutien du public m'a porté pendant toute cette aventure. Bien avant que je retrouve le chemin des terrains et des stades de rugby. C'est vrai que j'ai eu beaucoup de soutien, beaucoup de témoignages, beaucoup de messages très positifs qui m'ont donné une énergie et qui m'ont permis peut-être d'accélérer un petit peu ce retour. 

Cet été, pour les Jeux olympiques, allez-vous couvrir d'autres sports que le rugby ? 

Oui, de fait, par ma fonction, puisque pendant les JO, j'assure des tranches horaires pour notre continuité antenne. Les Jeux olympiques de Paris 2024 seront à suivre 24 h sur 24 sur nos antennes, sur deux chaînes Premium France 2 et France 3. Donc je vais, de facto, être amené à évoquer plein de choses. Mais je ne commenterai pas le rugby et le tournoi à sept, là aussi, ce sera Jean Abeilhou et Vincent Clerc. Moi je suis vraiment là pour faire vivre la continuité de la chaîne avec plein d'autres visages du service des sports de France Télévisions. 

Allez-vous regarder différemment les Jeux paralympiques puisque désormais vous êtes vous-même en situation de handicap ? Est-ce que ça change votre regard ? 

Oui, ça changera sans doute. Vous connaissez mon histoire, j'avais déjà été impacté. On est très heureux de mettre en lumière les sportifs des Jeux paralympiques comme ils le méritent, c'est-à-dire à égal traitement que les sportifs valides. Donc je regarderai et même je participerai puisque je serai aussi à l'antenne sur les Jeux paralympiques. On est très fiers de pouvoir faire cette couverture-là pour les Jeux de Paris 2024. 

Vous avez exprimé votre déception et même votre frustration et celle de tout le service des sports de France TV de ne pas participer au magazine quotidien qui sera présenté pendant les J.O. C'est Léa Salamé, parfois avec Michel Drucker, qui présentera ce talk-show. Est-ce que depuis que vous avez fait cette sortie, la direction vous a sollicité ? 

Non, pas du tout. Moi j'ai une fierté dans ma carrière, c'est que je n'ai jamais frappé à aucune porte pour obtenir quoi que ce soit. On m'a posé la question. J'ai exprimé un sentiment qui était collectif. Maintenant, nous, au service des sports, on va avoir 24 h d'antenne quasiment à assurer. Donc on n’en fait pas une fixation. Il n'y a rien de grave, il n'y a pas de polémique. Nous, on est très heureux de diffuser sur le groupe l'intégralité de ces Jeux. Il y a un talk qui sera assuré par Léa Salamé. C'est une grande professionnelle et elle fera cela magnifiquement bien. Peu importe avec qui elle sera. 

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