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"Sale mec" : la polémique marque-t-elle la fin du "off" en politique ?

François Hollande parodiant Nicolas Sarkozy et lui faisant dire "je suis un sale mec" au grand dam de la droite : la polémique a fait la Une des médias toute la journée. Et certains journalistes estiment que cette polémique marque la fin du "off" en politique.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Lors du fameux déjeuner où François Hollande a imitié Nicolas Sarkozy disant "je suis un sale mec" et provoquant la polémique, était une rencontre en "off". L'un des journalistes présents, celui du Parisien, a décidé de ne pas respecter la consigne et de publier les propos du candidat socialiste.

Ce n'est évidemment pas la première fois dans l'histoire de la presse mais certains y voient un symbole : nous sommes au tout début de la campagne de 2012, le duel Hollande/Sarkozy se dessine tout juste et déjà le "off" se brise. "Il n'y a plus de off" estime Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l'Express, dans son édito vidéo, "parce que nous sommes dans une campagne présidentielle" . En témoigne la polémique autour du "usé, vieilli, fatigué" de Lionel Jospin en 2002.

"L'instantanéité de l'information va faire disparaître le off"

Mais ce qui était une exception en 2002 va devenir la règle selon Bruno Roger-Petit, chroniqueur politique pour le Plus, le site participatif du Nouvel Observateur. A l'heure d'Internet et des réseaux, "tout ce qui est dit à l'instant T va se retrouver publié à l'instant T+1. L'instantanéité de l'information va faire disparaître le off" .

Est-ce que ce serait forcément une bonne chose ? La presse anglo-saxonne le croit depuis très longtemps. Mais on peut se poser la question, quand on voit cette polémique sur une insulte qui n'en était pas vraiment une. On peut aussi se demander quels seront demain les rapports entre presse et pouvoir si le off n'existe plus : les personnalités politiques ne vont-elles pas tout simplement cesser de rencontrer les journalistes, se contenter de discours officiels de peur du dérapage ? En voulant jouer la carte de la transparence, ne va-t-on pas au contraire favoriser un verrouillage de la parole politique ? On aura sans doute l'occasion de le savoir dans les prochains mois.

En attendant, la presse étrangère ironise beaucoup sur cette polémique. "La campagne française, jusque-là si guindée, a pris une tournure aigre" , écrit la chaîne américaine Fox News. "Hollande réchauffe la campagne" estime un journaliste espagnol de RTVE. "Le candidat socialiste nous montre tous ses talents de comédien" et il choisit un "ton radical" commente la télévision allemande n-tv. Grâce à cette affaire, on apprend à dire "sale mec" dans toutes les langues :  "ein Widerling" pour la presse allemande, "a nasty guy" pour les anglo-saxons, "un mascalzone" dans les journaux italiens. ça ne fait pas avancer le débat, mais ça amuse beaucoup nos confrères étrangers...

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