"Des racines et des ailes" proposent de revivre la construction du château de Versailles grâce à l'IA : "On a fait de l'over-painting", explique Carole Gaessler

Mercredi 6 décembre, France 3 propose un numéro spécial de l’émission à l’occasion des 400 ans du monument voulu par Louis XIV.
Article rédigé par Cyril Destracque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 94 min
La présentatrice Carole Gaessler, le 5 décembre 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La présentatrice Carole Gaessler propose mercredi 6 décembre 2023 à 21h10 sur France 3, un numéro exceptionnel de l’émission "Des racines et des ailes" à l'occasion des 400 ans du château de Versailles. Avec l’aide de l’intelligence artificielle, ce documentaire nous offre une plongée dans le temps au moment de la construction dont on a peu ou pas de traces, mais aussi dans le chantier de la galerie des Glaces. Il ouvre les portes fermées au grand public des appartements de madame du Barry, par exemple, et revient au présent avec tous ceux qui maintiennent à flot ce patrimoine fragile et séculaire.

franceinfo : Des documentaires sur le château de Versailles, il en existe déjà des dizaines. Qu'est-ce qui fait l'intérêt du vôtre ?

Carole Gaessler : C'est le 400ᵉ anniversaire et Versailles lui-même a créé un événement pour ses 400 ans d'existence, avec des grands chantiers de restauration, un grand spectacle l'été dernier, une grande nocturne avec 600 drones qui sont partis dans le ciel au-dessus de Versailles pour créer des figures lumineuses et marquer, à la façon du XVIIᵉ siècle, ces grandes fêtes nocturnes qu'organisait Louis XIV. On a aussi utilisé des nouvelles technologies pour revisiter Versailles. On a essayé de comprendre comment on avait construit ce château. Mansart y a consacré une partie de sa vie et donc on a fait ce qu'on appelle de l'over-painting. On n'a qu'un seul tableau d'un peintre flamand qui représente la construction, le chantier de Versailles. Avec des algorithmes, avec l'intelligence artificielle, on a pu créer les contrechamps, montrer comment, dans la précision, on était en train de construire telle aile du château... Quelque part, c'est comme si vous y étiez. 

C'est le cas, par exemple, pour la galerie des Glaces et ses 357 miroirs. On a utilisé toutes les données qui sont en stock sur Internet pour reconstituer le chantier de cette galerie, une reproduction qui n'existait pas dans l'histoire, on n'a pas de traces visuelles.

Exactement. On n'a pas de vidéo, on n'a pas de photos donc forcément, mais on a quelques rares tableaux. On a pris toutes les données à la fois qui ont été écrites, tout ce qu'on sait de cette période, tout ce qui a pu être raconté sur la construction de cette galerie des Glaces et puis après ce sont des algorithmes qui moulinent et qui vont, à travers du graphisme, nous le reproduire en images. On a vraiment l'impression d'y être. On montre aussi la transmission des savoirs comme celui des Vénitiens qui maîtrisaient l'art de la verrerie. Louis XIV avait décidé qu'on serait aussi être les meilleurs et il va développer un savoir-faire. Aujourd'hui, ce qu'on montre, c'est qu'à travers les siècles, ce savoir-faire a perduré. On a toujours l'impression que Versailles, on l'a vu, on le connaît, mais là, ce qu'on montre, ce sont aussi des passionnés. Ce qui est frappant dans ce documentaire, c'est le nombre de jeunes gens qui deviennent restaurateurs et qui perpétuent ce patrimoine, ont un savoir-faire. Et parmi ces jeunes, on se rend compte qu'il y a beaucoup de femmes qui ont investi ce domaine de la restauration.

On a aussi droit à une visite des 14 pièces du magnifique appartement de madame Du Barry qui était la préférée de Louis XV. C'est quasiment inédit, le grand public n'a pas du tout accès à ces lieux ?

C'est aussi la force "Des racines et des ailes". En plus de 20 ans d'existence, c'est vrai qu'on a créé un lien de confiance, que ce soit avec les responsables de Versailles, mais aussi les responsables du Louvre ou d'autres institutions. Ils nous font confiance sur la façon dont on raconte, la justesse de ce qu'on raconte, dans la vérité et la transmission des savoirs des conservateurs et des historiens.

Grâce à la 3D, vous avez aussi pu reconstituer le mariage du futur Louis XVI. C'est vraiment une prouesse technique ?

Revisiter Versailles en y mettant les technologies d'aujourd'hui, c'est ça qui est intéressant. Chaque fois, on essaie de se renouveler et de se remettre en question pour avancer.

La saison passée, "Des racines et des ailes" rassemblait en moyenne deux millions de téléspectateurs. Vu les moyens engagés pour ce numéro spécial, revoyez-vous un objectif d'audience à la hausse ?

Non. Deux millions de téléspectateurs en prime sur un programme qui est quand même exigeant, qui demande sur 110 minutes de rester concentré, c'est déjà un beau challenge. On apprend des choses, on entend des paroles intéressantes. Peut-être peut-on se dire trois millions après-demain.

Sur France Télévisions, vous êtes aussi depuis le mois de juillet, la présentatrice de "Aux Jeux, citoyens !", une émission quotidienne sur France 3 consacrée aux Jeux Olympiques et aux athlètes. Depuis le début de l'émission, y'a-t-il un sportif ou une sportive qui vous a séduit plus que les autres ?

J'en ai plein parce que ce sont des parcours individuels et je suis très admirative de ce que font nos sportifs de haut niveau parce qu'ils savent gérer l'échec, remonter la pente. Par exemple, Lorette Charpy, une de nos grandes gymnastes, qui au début de l'été était blessée, est qualifiée pour les Jeux. Elle s'est reconstruite, s’est reconditionnée au niveau du mental. Ça fait partie de ces parcours qui m'ont inspirés et qui peuvent inspirer aussi plein de jeunes. J'ai des coups de cœur comme pour les frères Lebrun qui pratiquent le tennis de table, ce sont des petits prodiges, pour les jumelles Tremble qui ont 24 ans et font de la natation artistique. Elles sont incroyables, super bien structurées et elles passent huit heures par jour à s'entraîner.

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