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1914-1918, franceinfo y était. 2 août 1914 : La France à l'heure de la mobilisation

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "La France à l'heure de la mobilisation".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
2 août 1914 : premier jour de mobilisation générale, de nombreux Français doivent se rendre dans leur régiment respectif. (©)

Premier jour de mobilisation générale en France. Elle a été décrétée hier. Le tocsin s’est fait entendre dans toutes les villes et dans tous les villages. La guerre contre l’Allemagne n’est pas encore déclarée mais ce n’est, semble-t-il, qu’une question d’heures, et la vie s’est arrêtée dans les champs, dans les bureaux et dans les usines. Il faut des chevaux, des voitures, mais surtout il faut des hommes à l’armée française. Tous les Français de 20 à 48 ans doivent se rendre dans leur régiment respectif. Et c’est surtout l’affluence autour des gares. Grégory Philipps, vous êtes gare de l’Est à Paris, et le moins que l’on puisse dire, c’est que vous n’êtes pas seul...

Vous avez raison, je me trouve actuellement devait les grilles de la gare de l’Est, où la foule est impressionnante. À pied, en métro, en taxi-auto ou en fiacre pour les officiers, depuis les boulevards de Strasbourg ou de Magenta, on voit des groupes d’hommes arriver d’un peu partout. Certains sont déjà en uniforme, pantalon rouge pour les fantassins ; beaucoup sont en civil, avec une simple valise ou un baluchon pour seul bagage. Parfois leur épouse les accompagne et les adieux se font ici, sur le parvis de la gare. Pour pénétrer à l’intérieur, il faut être muni de son fascicule de mobilisation.

On sait qu’un train part de cette gare environ toutes les quinze minutes. Les wagons sont couverts de fleurs et de calicots. Sur l’un d’eux, quelqu’un a écrit à la peinture blanche : « Train de Berlin » ou bien encore  : «  Train de plaisir pour l’Allemagne ». La nuit dernière, le gouvernement et le président de la République ont fait savoir que la mobilisation n’était pas la guerre, mais en vérité personne ici n’est dupe et ces hommes savent bien que c’est au combat qu’ils partent.

Grégory, quel est l’état d’esprit de ces hommes qui sont tout autour de vous ?

C’est un mélange de joie et d’appréhension. Joie quand on voit ces scènes de liesse, avec des chants patriotiques hurlés à tue-tête, les drapeaux bleu, blanc, rouge, les fleurs que l’on jette au passage des soldats... Mais il y a aussi la douleur profonde des adieux. Quelques violences également à signaler... Ainsi hier les brasseries Muller et Zimmer ont été mises à sac. La police a dû intervenir, et puis il y a enfin l’inquiétude de ces hommes, notamment des paysans en ce début du mois d’août ; c’est la moisson : qui va la faire ? Qui va s’en occuper ? Qui va prendre soin des femmes et des enfants ? Et pour combien de temps ces soldats seront-ils absents ? Et bien cela, personne ne le sait.

Merci Grégory… Et rappelons que le régiment dans lequel vous devez vous rendre est inscrit sur votre fascicule de mobilisation…

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