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En un mot : la Seine est en crue, les arbres sont seuls, les hommes un peu bêta

Le mot de l'actu du jour est crue. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La Seine en crue, le 23 janvier 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Elle monte, elle monte... Mais jusqu'où ira-t-elle ? Le mot du jour est donc crue. Qui vient du latin Crecere, qui veut dire augmenter. La crue est une montée des eaux, mais aussi une vie qui change. Car, ce phénomène hors norme -à la fois lent et ultra rapide- provoque des comportements tout aussi hors norme.

Les sentiments, les réflexes, les sensations sont en crue. Plus rien n’est normal. À Paris, le paysage a complètement changé en quelques jours. D’heure en heure, il mue. Une sorte d’œuvre évolutive, parfait modèle pour les photographes. Penchez-vous, mais pas trop, au-dessus de la Seine.

Et là, on en a une sorte de vertige, toute cette eau marronnasse monte, irrémédiablement. Les péniches, évacuées, sont toutes seules. Il règne un silence bizarre, monacal. Ça monte, ca monte… mais jusqu’à quand ? Et jusqu’où ? Les arbres aussi, paraissent tout seuls. On dirait des pilotis. Une vie en crue, sur pilotis.

La vie de la nature est au ralenti

Il faut réécouter les témoignages passés. Une vieille dame raconte : on m’a aidé tout de suite, on m’a aidé à monter mon frigidaire, à déplacer les meubles, j’étais seule. Près d’elle, les arbres sont seuls, les bateaux voguent, les vieux ont un sentiment de flottement. La vie de la nature est au ralenti, mais les réflexes se doivent d’être rapides.

La dame poursuit : tout de suite, on m’a prêté un téléphone portable, pour prévenir ma fille. On m’a porté, elle rit. Puis, la voix baisse, elle lâche cette phrase : ce serait bien que ce soit comme ça, dans la vie. Mais la vie en crue, c’est aussi la bêtise en crue. Quand des gens font tout, risquent leur peau et celle de leur proches, pour une bagnole.

Il y a des images édifiantes. On voit des personnes, de l’eau jusqu’à la taille, parapluie à la main, tenter de tenir leur voiture, par une poignée de portière. Puis, tout doucement -mais en fait, très fortement, car le courant est intense- la voiture tourne sur elle-même, rabroue son propriétaire, et elle part.

Bye bye les humains ! En un mot : la vie en crue, ce n’est pas la même. Il y a des crues de larmes, des crues de peur, des crues de survie. Les fleuves sortent de leur lit. Et l’humain, de son corps.  

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