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En Malaisie, la production du préservatif capote à cause du Covid-19

Ce pays d'Asie du Sud-Est est l'un des principaux pays producteurs de préservatif mais depuis la pandémie de Covid-19, c'est la débandade dans l'industrie : la pandémie a eu un effet sur la vie sexuelle.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des préservatifs fabriqués par l'entreprise malaisienne Karex, le 20 septembre 2017. (MANAN VATSYAYANA / AFP)

La pandémie de Covid-19 a eu des répercussions économiques sur tous les secteurs et partout dans le monde, et notamment dans celui du préservatif en Malaisie. La production de cette enveloppe protectrice employée comme contraceptif masculin et contre les maladies sexuellement transmissibles est en forte baisse.

L’entreprise Karex en Malaisie est le numéro 1 du secteur. Elle produit un préservatif sur cinq dans le monde. Pour Goh Miah Kiat, l'homme à la tête de la société, cette forte baisse de la production s'explique sûrement par ce que beaucoup taisent depuis deux ans : la pandémie a eu des effets dévastateurs et sans précédent sur la vie sexuelle des êtres humains sur tous les continents. Certes, l’anxiété lié à la crise sanitaire et économique a un rôle important à jouer dans cette baisse, mais Goh Miah Kiat évoque aussi une autre raison : "Ce sont les aventures sexuelles qui ont le plus pâti de la pandémie. Car les gens ne pouvaient plus se rencontrer de manière spontanée surtout dans les pays où les bars ont fermées, les interactions humaines ont drastiquement baissées."

"On note que dans d’autres pays, le manque de lieu est aussi un grand souci pour les couples déjà établis. Si vous vivez par exemple dans la promiscuité, à huit sous un toit où vous êtes enfermés pendant longtemps, et bien vous n’avez pas tellement d’espace pour avoir de l’intimité…"

Goh Miah Kiat, PDG de Karex

à franceinfo

Autre cause de cette baisse totalement inédite des ventes de préservatifs, la situation de chômage technique dans laquelle s’est souvent retrouvée la prostitution. Cette baisse pourrait également mettre en danger les luttes contre les maladies sexuellement transmissibles comme le Sida. Avant la pandémie les marchés publics représentaient 40% des ventes de l’entreprise Karex et ce segment du marché a été un des plus touchés, explique Goh Miah Kiat : "Les gouvernements ont bien moins de budget pour cela. C’est très difficile de conserver des fonds pour lutter contre ces maladies quand la pandémie et tout ce qu’elle a généré a attiré beaucoup d’argent et d’attention. "

Des pénuries en Afrique ?

Ce qui est vraiment préoccupant, c’est ce qu’il se passe dans les pays en voie de développement, en Afrique et en Amérique du Sud, où la chaîne d’approvisionnement s’est tarie. Cela prendra du temps pour la remettre en mouvement. L’Afrique pourrait ainsi être en pénurie de préservatif d’ici un ou deux ans et c’est sans doute un des endroits où l’on a le plus besoin de préservatifs.
Mais la lutte contre le coronavirus semble pour l’instant malheureusement éclipser les autres virus contre lesquels se bat l’humanité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) montrait ainsi dans une étude de 2021 que les personnes séropositives sont très vulnérables face au coronavirus. Sur 15 000 personnes infectées par le VIH et hospitalisés à cause du Covid-19, presque un quart sont décédés. Malgré cette réalité, les pays les plus touchés par le Sida restent souvent aussi les plus écartés des campagnes de vaccination contre le Covid-19.

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