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En Hongrie, des étudiants bloquent leur université et défient le gouvernement ultranationaliste

Depuis le début du mois de septembre, l'université de théâtre et de cinéma de Budapest est bloquée par les étudiants, qui ne veulent pas du nouveau directeur choisi par le Premier ministre Viktor Orban.

Article rédigé par franceinfo, Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des étudiants bloquent l'entrée de l'université de théatre et de cinéma de Budapest, en Hongrie, le 1er septembre 2020. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

L'université de théâtre et de cinéma de Budapest, en Hongrie, est en pleine ébullition, occupée depuis le début du mois de septembre par près de 300 des 400 étudiants de la faculté. Ils se relaient jour et nuit, pour dormir dans le bâtiment et ont barré l’entrée avec des rubans de chantier rouge et blanc. Ces jeunes ne sont pas seuls : parmi ceux qui montent la garde, il y a également des comédiens très connus, comme Pal Macsai. Un peu comme si, en France, Bruno Podalydès et Isabelle Huppert venaient s’asseoir devant le Conservatoire d’art dramatique pour en interdire l’accès.

Démission du recteur et de plusieurs enseignants

Les étudiants protestent contre la nouvelle direction, nommée cet été par le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban. Il y a deux problèmes : le premier, c'est que cette prestigieuse université publique vieille de 155 ans est devenue une école privée. Elle appartient désormais à une fondation, qui gère des actions en bourse, ce qui lui assurera des revenus et une indépendance financière, selon le gouvernement. Mais il n’y a aucun représentant de l’université dans cette fondation.

Second problème : à la tête de cette nouvelle structure, le gouvernement a nommé un metteur en scène ultranationaliste, Attila Vidnyánszky, un fidèle de Viktor Orban. La première chose qu’il a faite a été de supprimer l’autonomie de cette école de théâtre et de cinéma. Pour protester, le recteur et plusieurs enseignants ont démissionné et les étudiants ont lancé leur occupation. Ils ont repris les cours mais ce sont eux qui les organisent et choisissent les thèmes.

Un fort soutien populaire

Le mouvement n'est pas soutenu que par le milieu artistique. Beaucoup d’habitants viennent apporter aux étudiants des repas et des gâteaux. Il y a quelques jours, ces élèves ont organisé une chaîne humaine, qui allait du bâtiment de l’université jusqu’au Parlement sur une distance de 5 km, pour apporter aux députés leurs demandes rédigées sous forme de charte. Il y a eu tellement de monde, près de 10 000 personnes, qu’il a fallu doubler la chaîne humaine.

Pourtant, les médias progouvernementaux ont ignoré l’événement, ou dit qu’il n’y avait pas assez de monde. Car le Premier ministre Viktor Orban semble avoir peur de cette jeunesse hongroise qui est en train de lancer un mouvement de désobéissance civile. Attila Vidnyánszky, le metteur en scène nommé par Viktor Orban, dénonce l’occupation de l’université et évoque un "complot pour renverser le gouvernement" ainsi que "des forces obscures à l'oeuvre". 

Des artistes du monde entier ont exprimé leur solidarité avec les étudiants et enseignants hongrois : les actrices Cate Blanchett et Helen Mirren, le metteur en scène Peter Brook, l’écrivain Salman Rushdie, le cinéaste Stephen Frears, ou encore le directeur du théâtre de l’Odéon à Paris, Stéphane Braunschweig. 

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