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En direct du monde. Le plus grand cimetière de bateaux en Inde veut changer son image

Le site, situé à Alang en Inde était autrefois l'un des sites les plus dangereux du monde. Les ouvriers qui travaillent au démantèlement des bateaux prenaient tous les risques. Aujourd'hui, il semblerait qu'ils soient un mieux protégés.

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel, Antoine Guinard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Cimétière de bateaux à Alang en Inde (JASON EDWARDS / NATIONAL GEOGRAPHIC)

C'est une bouffée d'air frais pour le site indien, qui connait la crise depuis quatre ans. Alang  est aujourd'hui à la merci des fluctuations de plus en plus imprévisibles du marché de l'acier. Il faut rappeler que le recyclage et la revente d'acier récupéré est le moteur de son économie. Mais ces dernières années l'importation de barres d'acier à bas prix venant de Chine a frappé de plein fouet le chantier. En 2011 et2012, Alang avait accueilli 415 navires, un record en 33 d'existence. Mais ce boom a fait long feu. Le site fait aujourd'hui face à la concurrence d'autres sites plus compétitifs dans la région, notamment le port de Chittagong au Bangladesh.

Parth Mendapara, de l'entreprise Shiv Corporation, qui opère depuis une vingtaine d'année à Alang :

 

"Depuis quelques années, les Bangladais achètent des navires à des prix qui restent inabordables pour les entreprises indiennes. Il y a de nombreuses règlementations en place en Inde, qui entraînent des coûts supplémentaires. Des groupes réputés comme Maersk viennent ici car ils veulent que leurs navires soient recyclés dans une zone non-polluante,  qui respecte l'environnement."

En plus de l'activité économique qu'elle génère, la présence d'un grand groupe réputé comme Maersk est donc aussi un signe de reconnaissance. C'est une sorte de gage de qualité pour Alang qui cherche à redorer son image et se démarquer en tant que seul chantier "propre dans la région".

 

Alang a longtemps été synonyme de chantier poubelle. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Difficile de dire si les choses ont vraiment changé, comme l'assurent les autorités indiennes et les entreprises de démantèlement sur place. La plage est toujours jonchée de navires éventrés. Derrière les épais portails métalliques qui séparent les différents chantiers de la route,  des ouvriers aux mains et au visage noircis squattent en attendant de reprendre le travail. Ils vivent dans des cabanons rudimentaires, fait de bois ou de matériel recyclé. La grande majorité d'entres eux viennent des régions pauvres du Nord et de l'Est de l'Inde. Leur statut reste précaire et leurs revenus dépendent du nombre de navires qui viennent sur le site.

Les ouvriers sont aujourd'hui mieux équipés. Tous ou presque portent un casque de chantier, des gants et une combinaison. On aperçoit des grappes de nouveaux venus sortir régulièrement du grand centre de formation situé à cinq minutes de la plage. Mais cette formation obligatoire d'une semaine reste basique, surtout pour un métier aussi dangereux.  Il est vrai que le nombre d'accidents mortels a diminué ces dernières années, mais on estime qu'il y a en a eu au moins 140 accidents ces 15 dernières années.

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