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En direct du monde. Au Pérou, une langue indigène disparaît

Une femme  a été assassinée fin novembre dans son village de Nueva Esperanza, près d´Iquitos, dans la province amazonienne de Loreto. Elle était la dernière femme au monde à parler le resigaro.

Article rédigé par franceinfo, Eric Samson, Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une jeune paysanne péruvienne. (HOUET  MICHEL / MAXPPP)

La dernière femme au monde à parler le resigaro est décédée il y a un mois au Pérou. Elle s'appelait Rosa et elle a été assassinée. Le dernier des resigaros s'appelle Pablo, c´est le frère de Rosa. Il a 65 ans et après lui, cette langue tout simplement disparaîtra.

Rosa Andrade et son frère sont de père Ocaina, une ethnie elle aussi au bord de l'extinction avec moins de 40 personnes parlant cette langue. Leur mère était Resigara. Ces deux ethnies vivaient à l'origine en Colombie, au bord du fleuve Caqueta mais elles ont été forcées de s´installer au nord du Pérou lors de ce que l'on appelle "la fièvre du caoutchouc". Les 7 000 indigènes déplacés dans les années 30 ont particulièrement souffert de mauvais traitements de la part des exploitants de caoutchouc.

Une vingtaine de dialectes menacés

Avant sa mort, Rosa Andrade avait commencé un programme pour réapprendre la langue aux enfants mais tout est évidemment remis en cause. Aujourd'hui il s´agit au plus d'en conserver le souvenir. Si vous allez sur la page web du ministère de la Culture, il y a toute une partie de présentation des langues indigènes du pays. Dans la plupart des cas, on peut écouter des extraits de ces langues. Dans le cas du resigaro, il n'y a rien.

Un mois avant l'assassinat de Rosa Andrade, le ministère péruvien de la Culture avait lancé un projet pour documenter la langue resigaro avec Rosa et son frère. Il s'agissait d'actualiser le peu que l'on connaît qui est principalement le résultat du travail de l'Institut linguistique d'été, une organisation évangéliste américaine très polémique dans la région. Il y a donc une grammaire, un dictionnaire et un vocabulaire qui datent des années 50 qu'il va falloir actualiser avec Pablo Andrade.

Mais au-delà des bonnes intentions officielles, peu est fait pour sauver ces langues. Le directeur des langues indigènes du ministère de la Culture le dit régulièrement. Il y a 47 langues indigènes dans le pays dont 43 dans la région amazonienne. Dix sept ne sont parlées que par moins de 10 personnes. Le cas de la langue des resigaro n'est donc pas une exception.

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