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À Cuba, la lutte contre le sida sert d'exemple contre l'épidémie de Covid-19

Le taux de prévalence du VIH est très faible dans le pays malgré les difficultés économiques. Les mêmes méthodes sont utilisées contre l'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par franceinfo - Domitille Piron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dans une rue de La Havane à Cuba, le 26 octobre 2016 (photo d'illustration). (YAMIL LAGE / AFP)

Sur l'île communiste, la présence du VIH parmi la population est à un taux très faible. Cuba a également été l’un des premiers pays à éliminer la transmission du sida de mère à enfant. Des données très encourageante, en cette journée mondiale de lutte contre le VIH mardi 1er décembre, pour ce petit pays que l’on connaît surtout pour ses difficultés économiques.

Les séropositifs au centre de la prévention

Cuba est parvenu à de tel résultat en matière de gestion de l’épidémie de sida tout d’abord grâce à une forte politique de prévention. C’est la base du système médical cubain et ce sont les porteurs du VIH qui s’en chargent eux-mêmes. Ils sont plus de 10 000 "promoteurs de santé" dans tout le pays, c'est ainsi qu’on appelle les séropositifs qui sont donc chargés d’amener la population à risque à se faire tester et d’encourager les porteurs du VIH à prendre leur traitement.

C’est ce qui se fait aujourd’hui mais dans les années 1990 quand l’épidémie de sida se répand sur l'île, très rapidement les porteurs du VIH ont été mis à l’isolement, presque enfermés dans des sanatoriums, pour stopper la progression de l'épidémie et veiller à leur état de santé à une époque où Cuba n’avait pas encore de traitement. Le pays a été très critiqué par cette gestion autoritaire du sida mais l’épidémie a ainsi été maîtrisée. Et puis à cette époque également apparaissent les infirmières-enquêtrices chargées d’interroger la population et de rechercher des possibles cas de contaminations.

Des méthodes appliquées pour le Covid-19

Isolement des personnes contaminées et recherche de cas contacts, ces méthodes rappellent ce qui se fait actuellement contre le coronavirus. Et on peut dire que Cuba applique aujourd’hui les méthodes apprises de cette expérience de lutte contre le VIH : Avec un isolement automatique et obligatoire des cas de Covid même asymptomatiques, et un porte-à-porte hebdomadaire pour suivre l'état de santé de toute la population cubaine. 

Des méthodes qui fonctionnent dans le cas des deux épidémies. Sur 11 millions d’habitants, il n’y a "que" 8 280 contaminations au coronavirus sur l’île, et pour le VIH, Cuba affiche un taux de prévalence de 0,4% quand il est à 5,4% en Amérique latine, et atteint presque tous les objectifs de l’ONU-sida. La médecin en chef de la prévention des maladies infectieuses au ministère de la Santé Maria Isela Lantera attribue ses bons résultats à de la volonté politique : "Je n’oserai pas, par modestie, dire que c’est notre expérience avec le VIH qui a aidé le pays à gérer la Covid. Mais ce qui aide vraiment c’est l’organisation du gouvernement. Il s’agit de politique de santé publique d’un pays où il y a de l’ordre, une organisation et une volonté."
 
Mais d'une certaine manière l’actuelle pandémie entrave la lutte contre le VIH à Cuba parce que la distanciation sociale et la quarantaine ont empêché l’organisation de nombreux événements communautaires, qui sont une stratégie de la politique de prévention pour amener la population à se faire tester. Et puis on ne peut pas non plus oublier l’impact économique du Covid-19 qui a aggravé les pénuries. Cuba rencontre d’importants difficultés d’importations, ce qui fait qu’il est difficile, en ce moment, de trouver des préservatifs.

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