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À Bombay, le Covid-19 a mis la plupart des livreurs de repas au chômage

Seuls 120 dabbawallahs continuent de livrer des lunchbox dans la capitale indienne, contre 5 000 avant la pandémie. En cause : le développement du télétravail.

Article rédigé par franceinfo - Côme Bastin, Édité par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un dabbawallah, livreur à vélo, de Bombay (Inde), en 2015. Photo d'illustration. (PUNIT PARANJPE / AFP)

La pandémie de Covid-19 et les restrictions frappent en première ligne les travailleurs pauvres et informels. C'est notamment le cas des dabbawallahs à Bombay, en Inde. Avec leurs tenues blanches, leurs vélos, et leur boîte-repas en métal, ces livreurs sont un symbole de la plus grande ville du pays depuis plus d'un siècle. Mais ils sont aujourd'hui au bord du gouffre.

Au chômage à cause du confinement

Les dabbawallahs font partie de l'âme de Bombay, un peu comme les bouquinistes à Paris. Un film les a d'ailleurs rendus célèbres aux yeux du monde entier : The LunchBox. Une erreur de livraison va créer une romance entre une femme au foyer qui croit cuisiner pour son mari et un employé de bureau solitaire. Mais depuis le plus grand confinement du monde décrété en mars en Inde, ces travailleurs se retrouvent dans le dénuement. "Dès le 18 mars, nous avons suspendu nos services, au vu des risques importants de contagion. Mais nous pensions alors que le coronavirus serait réglé en dix jours, témoigne Ritesh André, le porte-parole des dabbawallahs de Bombay. Nos travailleurs se sont donc retrouvés dans une situation très problématique."

Tous les dabbawallahs habitent dans des bidonvilles. Il leur faut payer un loyer, nourrir leur famille.

Ritesh André, porte-parole des dabbawallahs

à franceinfo

Le président des dabbawallas tente, tant bien que mal, de soutenir sa profession : "Mon grand-père était un dabbawalla et je le suis depuis 1991. Le matin je collecte des repas auprès des particuliers qui sont ensuite livrés dans des entreprises, et l'après-midi je m'occupe de notre corporation. Depuis le confinement j'ai fait de mon mieux pour aider nos travailleurs, en partenariat avec des ONG qui ont fourni des rations alimentaires." Pour survivre, certains livreurs se sont mis à vendre des fruits et légumes. D'autres sont rentrés dans la ville de Pune, au sud est de Bombay, dont ils sont souvent originaires.

Le télétravail, ennemi des livreurs

Malgré la levée du confinement il y a plusieurs mois en Inde, la situation n'est pas revenue à la normale pour les dabbawallas.Car il y a un avant et un après pandémie et la ville fonctionne désormais sans eux en raison notamment du développement massif du télétravail. "Le 5 octobre, le gouvernement nous a finalement autorisés à réemprunter les trains locaux. Mais aujourd'hui, la plupart de nos clients sont passés au travail à domicile, raconte Ritesh André. Donc, où pouvons-nous bien livrer nos boites déjeuners ?

Seuls 120 dabbawallahs travaillent en ce moment, contre 5 000 avant la pandémie.

Ritesh André

à franceinfo

Tout n'est pas perdu cependant car la population de Bombay est très attachée à ces livreurs et des entreprises pourraient rouvrir dans les mois qui viennent. Ritesh André est lui-même fils et petit-fils de dabbawallas mais il a un master en finances. Il s'occupe aujourd’hui de la communication de cette guilde, pour laquelle il a créé un site Internet et prépare une application.

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