Alors que le déploiement de la force militaire européenne en Centrafrique prenddu retard, parce que les pays européens rechignent à mobiliser les effectifs etles moyens suffisants pour venir appuyer les forces africaines et françaises,la crise en République centrafricaine a constitué une bonne partie desdiscussions : les parlementaires ont demandé à l'ONU d'autoriser une mission demaintien de la paix, et aux Etats européens d'accélérer la préparation de lamission Eufor-RCA ; ils ont souligné l'urgence de réinstaurer des servicessociaux et de santé, ainsi que de rouvrir les écoles dans le pays. L'assemblée parlementaire s'est également penchée sur les droits des migrants,la modernisation des douanes, l'extraction des minerais dans les fonds marinset le rôle d'internet dans la propagation du terrorisme.**Les pays africains solidaires** Mais LE sujet qui a provoqué les plus vifs débats, lors de la discussion surla lutte contre le sida, ce sont les récentes lois qui durcissentconsidérablement les peines prononcées contre les homosexuels en Ouganda et auNigeria où les mariages de personnes du même sexe ont été interdits, et oùl'homosexualité est punissable de prison. Où on a assisté à une opposition trèsnette entre les pays africains, solidaires, et les européens. "Toute loi qui criminalise l'homosexualité est une infraction caractériséeaux conventions internationales qui protègent les minorités, et doit êtreretirée immédiatement " s'est insurgé le co-président de l'assembléeparlementaire paritaire ACP-UE, Louis Michel.Le Parlement européen demande des sanctionsL'eurodéputé belge, rapporteur du Parlement européen sur les droits del'homme, s'appuie sur une résolution adoptée la semaine dernière par leParlement européen qui demande de sanctionner les responsables de ces lois enOuganda et au Nigeria (par des interdictions de déplacements et de visas ou legel des avoirs), de réorienter l'aide au développement au bénéfice de lasociété civile et d'ONG, d'entamer d'urgence un dialogue politique renforcé,voire d'envisager de suspendre l'accord de Cotonou, signé entre l'UE et lespays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, en invoquant des violationsgraves des droits de l'homme, comme le prévoit l'article 96 de l'accord. Droits fondamentaux contre diversité culturelle "Inadmissible " ont répondu la plupart des parlementaires africains, pour quice n'est pas une question de droits fondamentaux mais de diversité culturelle,comme l'explique Christophe Lutundula Apala, député national de laRépublique Démocratique du Congo. Il dénonce par ailleurs la manière peucourtoise dont les critiques sont formulées et parle de dérive"impérialiste ", contraire au principe d'égalité. "Laissez-nousdu temps, comme il vous en a fallu beaucoup à vous-mêmes " conclutChristophe Lutundula Apala. "Nous ne pourrons jamais accepter que des gouvernements puissentinstrumentaliser un quelconque argument culturel pour justifier ladiabolisation de l'homosexualité ", a répondu Louis Michel, pour qui ledroit à la différence est bien une expression fondatrice des droits de l'homme Près des trois quarts des pays d'Afrique disposent de législations interdisantou réprimant l'homosexualité ou la "sodomie", souvent héritées deslois coloniales. L'Afrique du Sud est le seul pays africain à reconnaître lemariage entre personnes du même sexe, depuis 2006.