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La France à nouveau pointée du doigt pour les évacuations forcées de Roms

Après le secrétaire général du Conseil de l’Europe au début du mois, c’est au tour du Commissaire aux Droits de l’homme de fustiger les évacuations forcées de Roms en France. Nils Muiznieks dénonce le manque de volonté politique de la France.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Évacuation d'un camp de Roms porte de Clignancourt à Paris début février © Maxppp)

"Je m’inquiète […] du climat d’antitsiganisme qui existe […] en France" : cette phrase n’a rien de nouveau dans la bouche d’un Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, Nils Muiznieks reproche aux autorités françaises les expulsions répétées des populations Roms : "111 évacuations forcées ont été conduites au court de l’année passée, concernant 11.128 Roms migrants" .

Ces chiffres - en baisse par rapport aux deux années précédentes - sont tirés d’un recensement de la Ligue des droits de l’homme et du Centre européen des droits des Roms (ERRC), qui soulignent depuis plusieurs années l’exception française en la matière. "Des expulsions sont menées en Bulgarie, en Roumanie, en Albanie, en Italie, en Suède , reconnaît Radost Zaharieva, chargée de mission aux droits de l’homme pour l’ERRC. Mais le rythme des expulsions en France est bien plus élevé : 60% de la population Rom habitant en bidonville a été expulsée en 2015" .

Au cœur de la problématique : les solutions de relogement. Dans sa réponse, le ministre Bernard Cazeneuve se défend en rappelant que lors de la dernière évacuation d'un camp de Roms dans le nord de Paris au début du mois, 170 hébergements ont été proposés. Mais c’est trop peu et trop temporaire, répond le Conseil de l’Europe. "Beaucoup d’élus de région parisienne préfèrent repousser le problème sur la commune voisine au lieu de traiter le problème en amont" , regrette Michaël Guet, chef de l’unité contre l’antitsiganisme et pour l’égalité des Roms au Conseil de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe pointe aussi du doigt les "discours de haine" qui se retrouveraient régulièrement chez des élus français, là où l’Espagne ou la Finlande ont choisi au contraire de ne pas politiser la question et de mener une politique d’intégration quel que soit le gouvernement en place.

Côté français, quelques progrès sont à signaler. La Ville de Strasbourg propose désormais des aires d’accueil stables, qui permettent de résoudre partiellement le problème récurrent de suivi médical et scolaire des populations Roms.

Aude Raso

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