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La démocratie bat de l'aile, la France n'est plus un modèle

A l'image de Jacques Toubon, Défenseur des droits français qui dénonce les "effets délétères" de l'état d'urgence, ses homologues du monde entier dressent un tableau particulièrement sombre: dérives répressives des États et des législations, intimidations, agressions, voire assassinats des défenseurs des droits menacent nos démocraties. Ils ont tiré la sonnette d'alarme cette semaine à Strasbourg.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© sandro.weltin@coe.int)

En matière de défense des droits de l'homme, la France n'est plus un modèle. Pire: elle tire aujourd'hui le monde entier vers le bas. État d'urgence prolongé, déchéance de nationalité et révision constitutionnelle, contrôles au faciès... "Personne ne nie la nécessité de lutter contre le terrorisme, mais malheureusement ce curseur est toujours poussé du côté de plus de sécurité, vers moins de liberté ", s'inquiète Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits, également Secrétaire général de la Commission nationale consultative des droits de l'homme en France.

"A l'heure actuelle, beaucoup d’États s'interrogent en disant : mais si la France le fait, pourquoi ne le ferait-on pas ? Plusieurs pays africains disent : notre Constitution est la même que la Constitution française, donc on va aussi inscrire des dispositifs répressifs. Et la preuve a été montrée par le passé que quand on inscrit ces dispositifs, on ne revient jamais en arrière ".

Nils Muiznieks multiplie les mises en garde contre les dérives sécuritaires des mesures et législations mises en place par les autorités françaises depuis les attentats. La déchéance de nationalité inscrite dans la Constitution, il est contre. 

Autre lueur d'espoir selon les représentants des défenseurs des droits des 5 continents, réunis cette semaine au Conseil de l'Europe à Strasbourg : la vivacité de la société civile, plus vibrante et dynamique que jamais dans la dénonciation de ces dérives. Une société civile sur laquelle ils s'appuient volontiers, tout en s'inquiétant du phénomène de réduction de l'espace qui lui est alloué. Enfin les défenseurs se réjouissent des mécanismes de plus en plus efficaces pour sortir les activistes de prison, afin de les mettre à l'abri avec leurs familles. Des "bonnes pratiques " auxquelles Michel Forst consacre un rapport, qui sera présenté ce 3 mars.

Avec la nécessité de renforcer encore la protection des lanceurs d'alerte

Car si le nombre d'intimidations et d'assassinats reste particulièrement élevé en Colombie ou aux Philippines, ce type d'attaques s'étend désormais à l'Union européenne. De nombreuses agressions contre les défenseurs des migrants ont été enregistrées en Autriche, en Italie et surtout en Hongrie.  C'est aussi en cela que la patrie des droits de l'homme fait aujourd'hui cruellement défaut.

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