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"Freda", femmes puissantes en Haïti

Les films haïtiens sont rares, Gessica Généus signe un récit au féminin qui illustre la situation de son pays.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Néhémie Bastien dans "Freda" de Gessica Généus (Nour Films)

Dans un pays, Haïti, qui ne s'est toujours pas remis du tremblement de terre de 2010, où le président a été assassiné l'été dernier, et qui est l'un des plus pauvres du monde, il faut une bonne dose de courage et de détermination pour y faire un film.    

Venue du documentaire, retournée en Haïti après quelques années en France pour y lancer sa société de production, Gessica Généus est ce que rêveraient d'être ses personnages féminins, des femmes qui luttent au quotidien dans un quartier pauvre de Port-au-Prince.

"Tourner le film en créole n'était pas négociable."

Gessica Généus

à franceinfo

Jeannette, petite commerçante, mère maladroite, entre passé traumatique et bondieuseries, ses filles, Esther qui cherche un mari riche, et Freda, la prometteuse Néhémie Bastien, étudiante qui refuse de s'exiler. Un univers de femmes battantes, même si elles ne font pas toujours les bons choix, dans un pays macho, gangrené par la corruption, la violence, et plombé par le poids de toutes les croyances.

Freda laisse entrevoir une espérance, l'énergie de ses interprètes, leur humour aussi, illuminent le film, entièrement tourné en créole, ce qui, pour Gessica Généus était une évidence.    

Julie (en 12 chapitres), de Joachim Trier

Julie (en 12 chapitres) est aussi un portrait de femme actuelle. Le réalisateur norvégien qui nous avait séduits en 2017 avec Thelma, qui frôlait le fantastique, est là dans tout ce qu'il y a de plus concret : Julie a 30 ans et expérimente, parfois a ses dépens, l'étendue du domaine des possibles. L'idée de la stabilité, dans sa vie professionnelle et sentimentale, à l'évidence, ne la satisfait plus. Pas forcément sympathique, ce personnage se cogne et nous touche, il porte des questionnements universels, au-delà du genre.

"J'avais décidé d'arrêter le cinéma juste avant que Joachim Trier ne m'appelle."

Renate Reinsve

à franceinfo

Julie, c'est Renate Reinsve, prix d'interprétation féminine à Cannes, et dire qu'elle a failli renoncer au cinéma !  

Storia di vacanze des frères Fabio et Damiano D'Innocenzo

Enfin 45 ans après Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola, le cinéma italien renoue avec un genre qui lui va bien : le film amoral. Storia di vacanze est d'une cruauté presque malaisante, mais on rit sans honte des déboires de ces familles d'une banlieue pavillonnaire de Rome.

Purs produits d'une classe moyenne tirée vers le bas, ces personnages aux contours exacerbés n'ont visiblement pas les moyens de partir en vacances et restent dans leur quartier plombé par la chaleur, aussi étouffante que le climat pervers qui s'installe. La promiscuité, familiale et sociale, pousse chacun vers ses plus bas instincts : les parents ont des pensées inavouables et les enfants ne sont pas moins cruels. Tout tend vers un final digne d'un film japonais inspiré d'un fait divers sordide, égayé par une bande originale al dente.      

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