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Cinéma week-end. Glaçante faute d'amour

Du prix du jury au dernier festival de Cannes, aux coulisses du patinage artistique, la palette est large.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 

Faute d'amour d'Andreï Zviaguintsev aurait pu obtenir la palme d'or à Cannes

Trois ans après Léviathan, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev poursuit sans concession la chronique sociétale de son pays en pleine mutation. Que vaut une société humaine quand l'amour parental ne résiste pas aux changements en cours ?

Dans la Russie de Poutine telle que la montre Zviaguintsev, la classe moyenne émergeante n'a d'autre préoccupation que son confort matériel, ses plaisirs immédiats, aussitôt exhibés sur les réseaux sociaux. Un couple se sépare, ça tombe bien, chacun a déjà refait sa vie, mais leur enfant est plus encombrant que l'appartement qu'il faut vendre. Il disparait, fuyant les violentes disputes de ses parents.

Déliquescence des rapports humains

Malgré ce drame, les personnages d'Andreï Zviaguintsev mettent un temps fou à s'humaniser et on découvre comment la déliquescence des rapports humains dans cette Russie aussi matérialiste que nationaliste, pourrit l'intime. Chaque plan, très travaillé, chaque mouvement lent de la caméra, souligne le propos sans excès, Faute d'amour est d'une maîtrise totale, bien au-dessus de la moyenne de la semaine.  

Gauguin - Voyage de Tahiti d'Edouard Deluc

Promis, juré, Gauguin - Voyage de Tahiti, n'est pas un biopic de plus sur l'un des plus grands peintres de la fin du XIXe siècle. Edouard Deluc ne s'intéresse qu'au Paul Gauguin quittant Paris en 1891 pour les îles lointaines où il s'imagine pouvoir vivre en sauvage et ne faire que peindre.

Le côté contemplatif du film irrigue les personnages

Edouard Deluc

Ici, nous sommes dans l'organique, le physique, avec un Vincent Cassel très investi dans le rôle et Edouard Deluc pas mécontent d'avoir imposé, pour un film qui vise le grand public, lenteur, silences et contemplation.

Kiss & Cry de Chloé Mahieu et Lila Pinell

Kiss & Cry est à la frontière de la fiction et du documentaire, dans l'univers du patinage artistique. Kiss & Cry, c'est le nom de l'endroit dans la patinoire où les sportifs attendent leurs notes. L'entraineur qui parle à ses patineuses en sport-études à Colmar comme à des moins que rien est plus vrai que nature, et pour cause, il joue son propre rôle.

Quand je faisais du patin, je ne pensais pas vraiment à ma vie, mon but c'était aller aux jeux olympiques

Sara Bramms

C'est en partie à cause de lui que Sara Bramms a arrêté le patinage, Kiss & Cry est largement inspiré de son histoire personnelle, quand à l'adolescence les rêves de gloire sportive sont parasités par la vie, la vraie. Sara Bramms ne patine plus, mais elle fait du cinéma et a rejoué cette version de sa jeune existence.

 Des rêves sans étoiles de Mehrdad Oskouei

Les adolescentes du documentaire Des rêves sans étoiles de l'iranien Mehrdad Oskouei ont à peu près le même âge, mais leur vie est un enfer. Prisonnières pour des délits qui vont du simple vol au meurtre d'un parent violeur, ces jeunes filles vivent dans la même cellule, partagent tout.

Où est la liberté ? Dans ce centre pénitentiaire ou à l'extérieur ?

Mehrdad Oskouei

Ce film n'est pas un documentaire de plus sur l'univers carcéral, il étonne par sa réalisation, Mehrdad Oskouei est fan de Robert Bresson, de Jean Rouche et évidemment d'Abbas Kiarostami, il filme des prisonnières qui ont peur, non pas de rester où elles sont, mais de sortir.     

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