Cinéma week-end. "Félicité" et "Paris la blanche", des films vivifiants
Alain Gomis et Lidia Leber Terki sortent de l'ombre des personnages en quête de dignité.
Il y a des semaines comme ça, où le cinéma français offre de belles surprises et comme c'est rare, autant s'en réjouir...On vous a déjà parlé de Félicité d'Alain Gomis, depuis Berlin où le cinéaste franco-guinéo-sénégalais a remporté l'Ours d'argent. Félicité, mère courage de la faune urbaine de Kinshasa, se bat corps et âme pour sauver son fils.
Cette vie-là qui est la vraie, elle est digne aussi, elle vaut d'être vécue"
Alain Gomis
Alain Gomis réussit parfaitement sa narration, caméra à l'épaule, dans cette course haletante pour la survie, il réussit également les passages plus oniriques du film, dans la lenteur, les silences. Le spectateur se laisse emporter dans les voyages intérieurs de Véronique Beya Mputu, magnétique comédienne amateur, dont Alain Gomis dit avec admiration qu'elle a fait "un hold-up sur le film". Comme si ça ne suffisait pas, le réalisateur parvient aussi à parler finement, sans faconde militante de la dignité de ces personnages à la fois réels et invisibles.
Premier film de Lidia Leber Terki
Elle a comme Alain Gomis des origines multiples, Lidia Leber Terki réalise son premier film, Paris la blanche.
On a eu un vrai coup de bol pour les décors
Lidia Leber Terki
Rekia, algérienne de 70 ans, sort pour la première fois de son village, elle va à Paris chercher son mari, travailleur immigré retraité, qui a quitté sa terre natale depuis 48 ans. Il est l'un de ces Chibanis, personnages de l'ombre en France, qui après une vie de labeur sont en perte totale d'identité et souvent aussi de dignité. Lidia Terki filme l'impossible retour, des retrouvailles comme des adieux, une belle histoire d'amour, avec pudeur. Un film ça tient aussi à des lieux, ici, en Algérie comme en banlieue parisienne autour d'un foyer Sonacotra, la réalisatrice a eu de l'œil.
Trois bon films français dans la même semaine, c'est rare...
Orpheline d'Arnaud des Pallières mérite aussi qu'on s'y intéresse sans crainte de la complexité de sa facture : quatre actrices jouent le même personnage entre 6 et 27 ans, dans un tourbillon de drames, de mise en danger, d'abandon, de quête d'amour mais aussi d'accomplissement, même si le passé finit par rattraper cette jeune femme aux identités multiples. Arnaud des Pallières sollicite le spectateur, pour recoller les morceaux de récit, mais pas de panique, le montage et les performances d'Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et de la petite Vega Cuzytek, portent cette Orpheline de bout en bout.
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