Freud et Hollywood
Comment ne pas être déconcerté, dépité ou simplement déçu
par le dernier Cronenberg, A Dangerous Method qui théâtralise les
rapports névrotiques entre Freud, Jung et leur patiente/amante Sabina
Spierlein ? Ceux qui s’attendaient à une puissante réflexion sur la naissance de
la psychanalyse resteront sur leur faim en attendant la fin de ce film confus
et artificiel dont seul le premier quart d’heure, proprement sublime, tient la
rampe.
Pour le reste, on est dans l’image d’Epinal. Dans la
transposition lourdingue du traditionnel triangle amoureux dans l’univers du
pathos hystérique. C’est Feydeau qui fait irruption chez Freud. C’est maniéré,
ennuyeux et assommant comme une surdose de Lexomil. Cronenberg a commis un acte
manqué. Son film aussi.
Hélas, il y a épidémie car un autre immense cinéaste, Clint
Eastwood sabote son dernier opus, la biographie du patron du FBI, John Edgar Hoover
en le réduisant à ses névroses, à sa relation freudienne avec maman et à son
homosexualité honteuse mais prégnante. Bien sur Di Caprio est génial mais le
narcissisme de la caméra d’Eastwood, ajouté à la paranoïa de Hoover, accouche de
quelques scènes affligeantes de ridicules, comme celle du baiser sur le front
ou pire celle du déguisement avec la nuisette de maman devant l’armoire à glace.
Le souffle historique du biopic retombe alors comme un soufflé alourdi par
d’épuisants flashbacks. Edgar Hoover méritait mieux. Ou pire.
Quant à Freud, il serait temps qu’Hollywood lui fiche la
paix.
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